François Richard (SD 33) sur le dialogue social

Le « dialogue social » est donc le cadre institutionnel de notre syndicalisme, pour les fonctionnaires depuis les accords de 2008 (du moins lorsque le gouvernement en respecte les règles). Le texte proposé renvoie bien à l’espace dans lequel il nous installe et que les écrits d’UetA distribués à l’entrée du congrès situent dans la problématique « pièges ou opportunités ».
Nous sommes habitués à évaluer une négociation comme un compromis dynamique, c.a.d. un compromis qui peut servir comme point d’appui pour de futures avancées. les divergences d’appréciations portant alors sur l’endroit où placer le curseur entre avancées et concessions. Mon propos est de montrer que cette approche classique, valable au XXème siècle, se complique à l’heure de la réforme libérale de l’État.

Le « dialogue social » est une notion tirée de l’ordolibéralisme allemand : cette théorie économico-politique de la RFA d’après-guerre qui dit que l’État, par ses lois, doit organiser le libre jeu du marché. La négociation est alors strictement bornée, verrouillée,  par un cadre contraignant, garant du libéralisme. Chez nous, c’est différent, car nous héritons d’un cadre  qui était celui du compromis social de 1944, issu du programme du CNR. Il faut donc pour nos gouvernants, au début des années 2000, réformer à marche forcée l’État pour l’adapter au nouveau contexte libéral. C’est le grand chantier de la réforme libérale de l’État (un des pans de la stratégie de Lisbonne). Ici, le « compromis dynamique » recherché, c’est celui du libéralisme. Les gouvernements installent dans chaque protocole un « virus » libéral, comme point d’appui pour l’étape suivante. Ils cherchent aussi, par ce dialogue social, à promouvoir le syndicalisme d’accompagnement (méthode des comités de suivi qui préparent projets de loi et décrets d’application, réservés aux seuls signataires des accords).

C’est en toute conscience de cette difficulté que nous devons aborder le « dialogue social » en cherchant à le transformer en « négociation ». C’est bien d’ailleurs ce que nous dit le texte. Mais il faut expliciter ce qui se cache derrière le terme de « leurre » qui est employé dans le texte du congrès. Cette explicitation que propose notre amendement servira d’anti-virus à la FSU.