Les inégalités de retraites entre les femmes et les hommes se montent à 42 % d’écart pour la pension de droit direct (28 % pour la pension globale) ; 2 retraité-es pauvres sur 3 sont des femmes. Pourquoi de tels écarts ? les femmes touchent un salaire moyen inférieur de 27 % à celui des hommes, elles connaissent davantage le chômage, les interruptions, le temps partiel, et donc la décote.
Les précédentes réformes des retraites avaient dégradé la situation des salarié-es en général et celle des femmes en particulier…
Dans son communiqué du 29 août, la Ministre des Droits des Femmes fait le même constat mais présente ensuite la réforme actuelle comme la première à mettre (je cite) « l’égalité femmes-hommes au centre »…
Nous n’avons pas tout à fait la même conception d’une réforme juste. Augmenter la durée de cotisation ne peut que reculer mécaniquement l’âge de départ à taux plein, ou entraîner une baisse de pension, surtout pour les salarié-es ayant eu des carrières courtes ou interrompues, et donc pour de nombreuses femmes, aggravant de fait les inégalités.
Quant aux mesures spécifiques destinées à les résorber, Christiane Marty les qualifie de marginales, de mesures en « trompe l’œil ».
La première mesure, sur les petits temps partiels (permettant de valider un trimestre dès 150 h travaillées), est intéressante, mais elle ne concernera que très peu de femmes (4,4 %). Et cela ne traite pas le vrai problème des temps partiels, qui est celui du niveau des pensions.
La refonte de la majoration pour enfants pourrait aller dans le bon sens ; mais elle est renvoyée à 2020 ; dans le même temps, cette majoration devient imposable, et ce dès 2014, contribuant à la paupérisation de certain-es retraité-es !
Enfin, les trimestres de maternité ne seront mieux pris en compte que dans le cadre du dispositif carrières longues, qui concerne très peu les femmes. Parallèlement, la pénibilité au féminin n’est pas reconnue, comme l’écrivait le CESE en mars 2013 : « postures contraignantes, gestes répétitifs, fond sonore permanent d’un niveau trop élevé, tâches morcelées, manque d’autonomie ou de latitude décisionnelle… cette pénibilité reste largement occultée. »
Globalement, comme le souligne Christiane Marty : « Il est notable d’ailleurs que le chiffrage officiel des mesures cumulées pour les jeunes, les femmes, les carrières heurtées et les petites pensions fasse apparaître un coût nul jusqu’en 2030 ! »
Et cela résume bien le problème : on ne peut pas viser véritablement l’égalité sans y mettre les moyens !
D’autres choix politiques étaient possibles, par exemple la surcotisation patronale sur les temps partiels, qui permettrait un meilleur niveau de pension.
Il faut œuvrer à l’égalité salariale, et renforcer les droits directs des femmes, pas les dispositifs de compensation ; cela passe par une durée de cotisation réalisable par l’ensemble des salarié-es, et la suppression de la décote. Il faut aussi créer de l’emploi public, notamment dans le secteur de la petite enfance, 5 fois plus que ce qui est annoncé dans la loi égalité.
Dans cette loi-là aussi, la volonté affichée de lutter contre les inégalités se heurte aux contraintes budgétaires : comment favoriser le partage du congé parental sans le revaloriser ? Comment assurer le droit des femmes à l’IVG sans rouvrir les dizaines de centres fermés ?
Décidément, le compte n’y est pas !
appel à signer sur le site du collectif www.retraites2013.org