Suite à l’échec du FSE (Forum Social Européen) incapable depuis le déclenchement de la crise d’amorcer
des initiatives au niveau européen pour combattre les politiques d’austérité
dictée par de la troika (BCE, Commission européenne, FMI), une cinquantaine d’organisations ont envisagé
de mettre en route une initiative européenne. La JSC, Joint Social Conférence (Conférence sociale conjointe),
a eu pour but d’essayer de créer des synergies entre des syndicats et mouvements associatifs avec l’objectif d’arriver à une compréhension commune de la crise et à l’élaboration de propositions nourrissant l’alternative, mais également d’engager dans des initiatives concrètes de mobilisation.
Ainsi, il y a un peu plus d’un an, la JSC a décidé de lancer le processus de construction d’une mobilisation européenne pour 2013 : l’Altersommet (altersummit). L’urgence provoquées par les crises économiques et politiques nécessitait la construction d’un processus de mutualisation des mouvements européens, mais avec un objectif de prise d’initiatives futures, de « réaliser la convergence des forces, et leur unité concrète dans l’action ». Ces crises obligent en effet à mettre au centre les enjeux concernant une stratégie concrète pour construire une autre Europe. Le processus de l’Altersommet veut donc dépasser les limites rencontrées dans les FSE. Il s’agit vraiment de centrer la réflexion sur les questions stratégiques et de se mobiliser par des actions concrètes afin de peser sur le rapport de forces. Athènes se révélant être à l’évidence le lieu où devait se tenir cette première initiative, vu la violence des attaques sociales et antidémocratiques menées par la troïka contre la population grecque.
Cet événement se prépare dans le cadre d’une coordination européenne qui rassemble des syndicats, des réseaux européens associatifs ainsi que des représentants de collectifs déjà constitués dans plusieurs pays, dans lesquels participent aussi des organisations politiques. La Confédération européenne des syndicats (CES) soutient le processus et participe à la préparation. Les acteurs de l’« Altersommet » souhaitent également un dialogue ouvert avec les organisations et les personnalités politiques partageant leurs idées et qui souhaitent soutenir activement le projet.
Un des défis de
l’Altersommet est donc de travailler à de nouvelles alliances dans les différents pays et en Europe, avec comme objectif de constituer de larges fronts contre l’austérité, la dévastation sociale et la gouvernance autoritaire. Les rebondissements permanents de la crise des dettes publiques et les conséquences dramatiques des politiques d’austérités exige cette réponse : il y a urgence !
Le processus avance
Cependant, si la généralisation des politiques d’austérité est un facteur de convergence, il n’en reste pas moins difficile de rassembler des histoires et des cultures politiques très différentes (Europe du Sud, de l’Est, du Nord). Nouer ces alliances et garder dans un même cadre, la CES et les grandes confédérations syndicales, les nouveaux mouvements type Blockuppy en Allemagne, les réseaux militants…n’est pas facile !
Les différentes réunions de travail montrent que ce travail est à la croisée de cultures et d’horizons collectifs politiques, sociaux divers. Inévitablement, l’Altersommet est traversé d’influences diverses et de contradictions. En ce sens, ce que produira son processus, en terme de dynamique, de convergences, est en partie imprévisible.
Des étapes ont d’ors et déjà été franchies positivement au cours de la préparation, comme l’adoption d’un manifeste des peuples d’Europe, l’équivalent d’un contre-memorandum, exprimant les propositions alternatives du mouvement social contre la crise, avec la proposition d’un programme d’action commun.
Sur le plan de la mobilisation, des liens existent également entre les différents rendez-vous, qu’ils soient ceux de la CES, de Blockuppy Francfort ou du Forum subversif de Zagreb. (voir encadrés), permettant ainsi de faire de l’Altersommet une étape d’un processus regroupant des initiatives multiples dans différents pays de l’Union Européenne.
Cependant, des difficultés de mobilisation persistent et les débats sur la nature de la rencontre d’Athènes se poursuivent. D’une part, existe une tendance à voir dans ce type de réunion internationale une rencontre limitée -en nombre- de représentants mandatés par leurs organisations. D’un autre côté, il y a celles et ceux en faveur d’un alter sommet large, évènement rassemblant organisations certes, mais également réseaux militants moins institutionnalisés, afin d’en faire le lieu de convergence des résistances des peuples, quelque soit l’option tactique retenue ou la forme d’organisation. Une distinction ancienne, qui existait déjà au sein des dynamiques du Forum Social Européen, ou même au niveau national, et qui explique les difficultés parfois réelles à faire converger organisations traditionnelles du mouvement ouvrier et nouvelles formes d’engagements, nouveaux mouvements.
Malgré ces difficultés, Athènes devrait être une première étape dans la construction d’un mouvement social européen contre la crise en Europe. Ainsi, réduire l’Altersommet à une rencontre/conférence de délégations ou de spécialistes « européens » n’est pas à la hauteur de ce que nous devons construire, à savoir les convergences européennes sur la base des mobilisations locales et nationales.
C’est pourquoi, dans le collectif français, l’Altersommet se prépare en s’appuyant sur les réseaux qui sont prêts à se mobiliser pour exprimer leur solidarité – comme le collectif de solidarité franco-grec sur la santé – et pour construire ainsi, de façon dynamique, des actions concrètes, ce qui est l’objectif premier de l’Altersommet. Ce processus devra prendre de l’ampleur, s’ancrer dans les réalités locales et nationales si nous voulons offrir une perspective de résistance à la cure imposée par nos gouvernements et la BCE, partout en Europe, et initier une contre offensive. ●
Sophie Zafari
et Julien Rivoire
Solidarité France Grèce
pour la santé !
Sous l’impulsion des jeunes Grecs en France, un réseau de solidarité avec les dispensaires de santé en Grèce s’est constitué. Il a pour objectif de soutenir les initiatives populaires qui se développent en Grèce, telles les pharmacies ou les dispensaires sociaux autogérés de santé. Ainsi, il collecte des fonds et du matériel médical en articulant ce soutien concret et immédiat à un travail politique d’information sur les conséquences sanitaires et sociales des politiques d’austérité. Il a permis également l’implication dans cette « chaîne de solidarité » d’un grand nombre de structures associatives, d’organisations syndicales et politiques.
Ce réseau sera présent à Athènes et profitera de l’Altersommet pour poursuivre son travail de coordination avec les différents réseaux à l’échelle européenne, et pour apporter les premiers fonds récoltés en France lors des différentes initiatives menées depuis plusieurs mois.
Pour contribuer financièrement, signer l’appel, et se tenir informé :
Actualité
Blokuppy et mobilisation européenne !
La mobilisation s’est déroulée cette année de nouveau à Francfort, les 31 mai et 1er juin 2013. Cette initiative s’est inscrit en lien avec l’appel à une journée internationale contre la Troïka initiée par les mouvements espagnols et portugais le 1er juin. Un appel international à participer à Blockupy 2013 et aux autres luttes contre la Troïka, « Des frontières de la crise au coeur du pouvoir », a été rédigé.
La mobilisation à Francfort s’est articulé autour d’initiatives de rue (action de blocage avec comme cible la BCE puis manifestation internationale) et rencontres-débats entre les réseaux militants présents.
3 Forum subversif
de Zagreb : d’autres Balkans sont possibles
C’est dans une période de conflits sociaux croissants dans les Balkans (des Indignés de Roumanie résistant notamment à la privatisation de la santé, aux grèves et protestations contre les privatisations mafieuses, en passant par les luttes étudiantes particulièrement fortes en Croatie en 2010-2011 contre la marchandisation de l’éducation et de la culture) et de large discrédit des partis existants, que s’est installé depuis six ans le Festival subversif de Zagreb. Ce festival est depuis des années un succès, trop méconnu en France, rassemblant notamment de nombreux jeunes activistes.
Cette année, du 4 au 18 mai 2013 se tenait sa 6ème édition. C’est à dire, quelques semaines avant que la Croatie n’intégre l’UE et il a été l’occasion de débattre des Balkans et de l’Europe, des alternatives nécessaires, des mobilisations avec de nombreux invités internationnaux tels Oliver Stone, Slavoj Žižek, Tariq Ali, le vice-président de Bolivie Álvaro García Linera, Alexis Tsipras, Bernard Stiegler ou encore Susan Georges.