Luttons avec détermination contre les VSS

Débat général

En ce 25 novembre, Journée internationale de lutte pour l’élimination des violences sexistes et sexuelles, nous élevons notre voix avec gravité, colère, lucidité et une détermination intacte. Partout dans le monde, dans tous les lieux de vie, dans toutes les sphères sociales, économiques, politiques, culturelles, jusque dans les espaces censés combattre les dominations et promouvoir l’émancipation, ces violences persistent avec une brutalité inacceptable.

Chaque 25 novembre, nous nous retrouvons face à cette réalité brutale : il nous revient de dénoncer, de rendre visible, de mettre en lumière ce que trop de personnes voudraient encore minimiser, relativiser, dissimuler derrière des discours de façade voire même instrumentaliser à des fins racistes et xénophobes.

Une femme sur trois dans le monde est victime, au cours de sa vie, de violences physiques ou sexuelles, le plus souvent de la part d’un conjoint ou ex-conjoint. En France, les féminicides ont augmenté de manière dramatique : une hausse de 11 % en 2024, alors même que près de la moitié des victimes avaient déjà alerté, déjà demandé de l’aide, déjà signalé les violences subies. Les féminicides sont l’expression ultime d’un continuum de violences. Chaque féminicide est précédé d’une gradation, d’une accumulation de violences psychologiques, physiques, économiques, administratives, sexuelles. Menaces, isolement, contrôle, jalousie pathologisée, harcèlement, manipulation, dévalorisation permanente, coups répétés, tentatives de fuite… Le féminicide n’est pas un « drame passionnel » : c’est un crime de domination, un acte de possession. Il traduit une croyance patriarcale selon laquelle la vie des femmes serait disponible, contrôlable, appropriable.

Si les femmes demeurent les premières victimes des violences sexistes et sexuelles, ces violences touchent aussi les enfants, les adolescent·es, les personnes LGBTQIA+, les personnes en situation de handicap, les personnes migrantes, les personnes racisées. Ces groupes sont souvent exposés à des violences croisées, imbriquées, issues de systèmes de domination qui se renforcent mutuellement : patriarcat, racisme, validisme, LGBTQIA-phobies, précarité économique.

L’ampleur des violences sexuelles, encore largement minimisée, surviennent dans des contextes divers : au sein de la famille, dans le couple, dans les institutions, à l’école, dans les foyers d’hébergement, dans les camps de migrants, dans les espaces religieux ou sportifs. Elles traversent également les lieux de travail, qu’il s’agisse d’entreprises privées, d’administrations publiques, d’associations, de syndicats, de partis politiques, du milieu culturel ou universitaire.

Pendant des décennies, ces violences sexistes et sexuelles ont été invisibilisées. Elles étaient reléguées à des « affaires internes », étouffées par des accords tacites, protégées par des logiques de hiérarchie, par la peur de ternir l’image d’une organisation, par la croyance malsaine selon laquelle la victime aurait tout intérêt à se taire pour « préserver sa carrière », de pas porter atteinte à un prestige ou une réputation de militant, de dirigeant, d’animateur. Pourtant, malgré la gravité des faits, les protocoles, les sanctions demeurent trop souvent dérisoires, les procédures internes s’enlisent. Les personnes qui osent dénoncer se heurtent à la peur d’être discréditées, marginalisées, silenciées, mises au placard ou poussées à partir.

Le 25 novembre, c’est rappeler que nous refusons de détourner les yeux, c’est affirmer que les résistances patriarcales ne sont pas immuables, qu’elles peuvent être transformées, combattues, renversées.

Nous savons que les institutions et organisations avancent lentement. Nous savons que les sanctions tardent, que les victimes vivent souvent longtemps dans l’attente d’une reconnaissance ou d’une réparation. Nous savons aussi que le mouvement progresse : les voix se libèrent, les solidarités se renforcent, les consciences évoluent, les pratiques changent, les tabous se brisent, la tolérance sociale face aux violences recule peu à peu.

Nous devons poursuivre la lutte. Pour celles qui se battent aujourd’hui, pour celles qui n’ont pas été entendues hier, pour celles que nous voulons protéger demain.