Jusqu’à 34 degrés dans les classes signalés par les parents d’élèves d’un groupe scolaire de Seine-Saint-Denis, alerte comparable lancée auprès d’un maire de l’agglomération d’Avignon… le pic de chaleur enregistré cette mi-juin s’est accompagné, comme on pouvait s’y attendre, d’une montée du mercure dans les écoles.
Ce phénomène n’a malheureusement plus rien d’exceptionnel. Les études des prévisionnistes montrent de manière très documentée des vagues de chaleur, de plus en plus précoces, de plus en plus longues et de plus en plus intenses. Une tendance qui s’accélère avec le changement climatique. Entre 1947 et 2024, Météo France a ainsi répertorié quarante-neuf vagues de chaleur, avec une augmentation de leur nombre depuis les années 2000.
Au-delà du simple constat, les politiques publiques tournent le dos aux enjeux de prévention et d’adaptation, alors que la protection de la santé et des conditions de travail des élèves et des personnels devrait être une priorité. L’exposition aux fortes chaleurs combinée à des pics de pollution atmosphérique aggravent les risques de troubles respiratoires et altèrent les capacités d’apprentissage et de travail. Comment, dès lors, imaginer que la hausse des températures dans les classes permette de travailler normalement dans les écoles et les établissements scolaires ?
La question de l’adaptation des bâtiments est tout aussi centrale. La multiplication des alertes, déjà activées lors de la crise sanitaire, fait état d’un parc vieillissant, à l’opposé des enjeux de justice sociale et écologique. Il n’existe à ce jour aucun état des lieux exhaustif du bâti scolaire public, les propriétaires des locaux renvoyant la balle à l’État, et vice-versa. C’est bien pourtant sur la base d’un diagnostic fiable que pourront s’engager les nécessaires plans de rénovation énergétique et thermique permettant à la fois de prévenir les futurs épisodes de canicule, d’assurer de bonnes conditions à celles et ceux qui travaillent et étudient dans ces bâtiments et d’atténuer leur empreinte écologique.
La réflexion ne pourra pas non plus éluder la question de l’adaptation du travail. Effectifs par classes et taille des salles, pratique d’activités sportives en extérieur, travail de bureau derrière écran… la hausse des températures accroît la pénibilité de certaines tâches, quand elle ne les rend pas complètement impossibles à certaines heures de la journée. Cette réflexion est centrale et il sera nécessaire de la porter dans les collectifs de travail comme dans les conseils où siègent les personnels et les usager·es.
Comme un écho à la météo, la campagne pour la rénovation écologique du bâti scolaire, initiée par l’Alliance écologique et sociale, s’invite à point nommé dans le calendrier de cette fin d’année. Conçue principalement pour peser sur le débat public en amont des élections municipales, elle constitue aussi — et surtout — une irruption de la question écologique, dans notre travail comme notre syndicalisme. De quoi nourrir les luttes en réponse aux défis de demain…
Sandrine Monnier