Ce qui s’est passé à la mosquée de Grande Combe est une des plus terribles illustrations d’un climat islamophobe qui se développe depuis trop longtemps et autorise des passages à l’acte violents. Face à cette horreur, il est important de qualifier ce qui se passe en nommant clairement les mécanismes à l’œuvre et ce qui les sous-tend.
L’islamophobie, terme admis depuis une vingtaine d’années par les sciences sociales et des organisations internationales, est une des principales expressions du racisme dans la société. Loin d’empêcher la critique d’une religion, il permet de décrypter et de combattre le processus d’altérisation et de racialisation des musulman·es dont l’islamophobie résulte. Elle procède d’une volonté d’exclure de la communauté nationale une population essentialisée comme un groupe socialement inférieur et indésirable car représentant une menace pour notre civilisation. Ce sentiment de peur des musulman·es est orchestré par des instrumentalisations de faits.
La responsabilité du gouvernement dans la construction de cette panique identitaire est totale. Retailleau ou Darmanin en tenant des propos déshumanisants à l’égard musulman·es, et dans leur volonté d’unir les droites, participent activement à la fabrique de l’ennemi·e intérieur·e et actent un traitement différencié des citoyen·nes en fonction de leur religion. Si les pierres de l’islamophobie ont été posées depuis longtemps il y a eu une accélération depuis la loi séparatisme. Après la dissolution du CCIF, les abayas, la dénonciation des contrats d’association d’Averroes et Al Kindy, l’interdiction du port du voile dans le sport, à l’université, la prochaine étape sera probablement l’interdiction de l’accompagnement des sorties scolaires par des femmes voilées ou dans l’espace public.
Le gouvernement qui a largement tardé à réagir suite au meurtre d’Aboubakar Cissé, à le qualifier d’islamophobe, à apporter son soutien à sa famille et aux musulman·es qui se sentent de plus en plus exposé·es, ne traite pas tous les racismes sur le même plan. Et même, il s’en prend à celles et ceux qui mènent la lutte contre l’islamophobie comme en témoigne la perquisition au domicile de salarié·es du CCIE deux jours après la marche contre l’islamophobie.
Sa complicité envers le génocide à Gaza laisse présager que la résistance viendra d’en bas.
Notre rôle syndical est d’ouvrir les yeux sur cette réalité en la qualifiant et en apportant notre soutien à celles et ceux qui sont ciblé.es. Nous devons prendre pleinement notre part dans la lutte contre toutes les formes de racisme car le racisme qui s’articule avec les questions de classe et de genre doit être pris en charge par le mouvement social.
Cette lutte à mener dans l’unité au côté des premier·es concerné·es doit montrer que la peur et la colère ne devraient pas être dirigées contre nos semblables mais vers les politiques en cours.
Pour déjouer les pièges de la division et de la criminalisation, il est indispensable de convaincre de la justesse de la lutte contre toutes les discriminations et racismes, auprès de nos collègues sur les lieux de travail mais aussi avec nos élèves, dans nos relations avec les parents, rester des garant·es de la formation de citoyen.nes aux valeurs d’égalité et de solidarité.