Mener la bataille du budget

En l’espace de quelques semaines, le contexte géopolitique mondial a complètement saturé l’espace médiatique, aidé par un chef de l’État qui, dans une récente allocution, a insisté sur la possibilité d’utiliser la force de dissuasion nucléaire française pour protéger l’Europe… Au-delà de faire fi de tout débat démocratique, c’est l’annonce d’une augmentation des dépenses militaires au nom d’un impératif de sécurité. Et ce, dans un contexte d’austérité budgétaire.

Macron a déjà prévenu des choix difficiles pour soutenir ces dépenses et porter le budget de la Défense de 2 à 3,5% du PIB, soit 30 milliards d’euros. Tout en récusant vouloir augmenter les impôts, il met l’accent sur la nécessité de réduire la voilure de certaines dépenses. Ce qu’il fait depuis son arrivée au pouvoir.

Sans surprise, tous les leviers de la macronie sont actionnés pour justifier ces fameux « choix » et imposer des sacrifices budgétaires qui conduiront à de nouvelles régressions sociales. Discours alarmiste sur un déficit caché du système de retraites qui justifierait la réforme de 2023, voire nécessiterait d’aller au-delà… Réouverture du chantier de la fraude sociale pour s’attaquer aux aides allouées aux plus précaires, sans s’attarder sur celle des entreprises qui bénéficient d’allègements de cotisations…

Alors que le budget 2026 se prépare, et avec tout ce que l’on sait de l’orientation voulue par les néolibéraux, il est nécessaire de prendre en compte les menaces qui pèsent sur notre État social. L’augmentation du budget militaire dans un cadre contraint conduira de nouveau à moins de dépenses publiques et moins de moyens pour l’École, la santé, les salaires, les retraites et l’ensemble des services publics… Or ce sont bien ces politiques de régressions qui sont massivement rejetées. L’impératif de sécurité brandi par Macron ne les rendra pas plus acceptées demain.

Au contraire, elles nourrissent l’insécurité sociale, qui fait le lit de l’extrême-droite. Nous ne pouvons nous y résoudre. Il nous appartient de remettre en cause ce cadre déséquilibré et les logiques qui le sous-tendent ; de dénoncer les discours qui n’ont d’autres objectifs que de creuser davantage les inégalités et d’attaquer la cohésion nationale ; de continuer à porter un autre budget alimenté par la taxation des plus riches.

La bataille des moyens est centrale. C’est celle des salaires, des congés maladie, des retraites, des postes, de l’amélioration des conditions de travail… Elle nécessite de réfléchir à des perspectives d’actions dans un cadre unitaire et interprofessionnel dès à présent. Le 3 avril, le 1er mai et le 15 mai pourraient en être les premières étapes, dans la construction d’une mobilisation massive et d’un haut niveau d’affrontement.

A défaut, nous prendrions le risque que la peur d’un embrasement mondial prenne le pas sur la prise en charge des besoins sociaux et le fonctionnement des services publics. Y sommes-nous prêt·es ?