En 2006, Nicolas Sarkozy promet : « Je veux que d’ici à deux ans, plus personne
ne soit obligé de dormir sur le trottoir. Parce que le droit à l’hébergement,
c’est une obligation humaine ». A l’été 2011, Xavier Emmanuelli, créateur du SAMU social, en a démissionné pour dénoncer les coupes budgétaires aux services d’hébergement d’urgence. Cette décision participe du mouvement
de contestation et de lutte pour le droit et l’accès au logement
qui met en évidence le cynisme et la contradiction entre les déclarations
du gouvernement et la réalité de sa politique.
La situation financière de la majorité de la population se dégrade depuis plus de 10 ans. La crise financière et les politiques gouvernementales aggravent cette évolution.
Le nombre de jeunes et de familles monoparentales sans abri augmente de façon exponentielle, ainsi que les travailleurs pauvres, précaires, stagiaires, dans l’impossibilité d’avoir accès au logement. La cause principale est le déficit chronique de logements sociaux et l’envolée des prix des logements et des loyers.
Cette réalité pousse un nombre croissant de personnes vers l’accueil et l’hébergement d’urgence. Ces structures étant elles mêmes saturées, le nombre des personnes à la rue explose.
Le gouvernement, par la voix de son secrétaire d’Etat pour le logement Benoist Aparu, niait cet été cette réalité pourtant vécue sur le terrain. Les circulaires préfectorales de mars 2011 donnaient d’ailleurs des directives claires et illégales aux 115 (N° d’appel d’urgence) des départements, précisément pour masquer cette réalité, en fixant un quota de prise en charge des familles à la rue (pour Paris par exemple, il fallait que 2 familles sortent pour qu’une puisse être prise en charge).
Le collectif « urgence un toit ! »
Ces directives ont été la goutte d’eau de trop pour les personnes mal-logées, les associations et les travailleurs de ces structures qui ont décidé de se regrouper pour en dénoncer l’inhumanité et l’état intolérable de l’hébergement et du logement dans ce pays. Ce mouvement a débouché sur une « Plate forme des mouvements sociaux pour le logement ». C’est ainsi qu’à Paris est né le collectif « Urgence un toit ! ».
Le manque de places en structures de stabilisation (passerelle de la rue au logement type CHRS(1)) pousse les plus fragiles (femme seule avec de jeunes enfants) à se mettre à l’abri aux urgences d’un hôpital ou dans d’autres lieux publics. Ce quasi-retour au Moyen-âge a été sévèrement critiqué par les médecins. Cela a permis, grâce à la médiatisation de la mobilisation, que la circulaire préfectorale soit annulée à Paris. Mais dans d’autres départements, ces quotas continuent de jeter, chaque jour, plus de parents et d’enfants à la rue.
En parallèle du mépris gouvernemental pour l’urgence sociale, les lois sont bafouées ou non appliquées à tous les niveaux :
– la loi DALO, pourtant créée par l’UMP à grands renforts d’effet d’annonce, n’est pas appliquée
– la loi SRU (20 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants) est violée par de nombreuses et riches communes sans sanction autre que symbolique.
– la loi sur la réquisition des logements vacants (plus de 2 millions en France) n’a jamais été appliquée par l’Etat ! ●
Hervé Heurtebize
1) Centres d’hébergement et de réinsertion sociale.●