Cette année, nous devons faire face à une baisse importante de la syndicalisation avec une perte de qui doit nous alerter et nous interroger à plus d’un titre : nous perdons en nombre et donc en puissance, et notre organisation s’affaiblit financièrement. Cette baisse fait suite à la mise en œuvre de la LTFP. Elle est brutale avec une perte de 4590 syndiqué·es en deux ans (2020 et 2021). Si nous devons continuer à exiger son abrogation, nous devons aussi poursuivre notre réflexion sur les formes de militantisme que nous impose le contexte actuel.
Notre force, c’est notre nombre et notre structuration au service d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale, nous devons donc tout faire pour élargir notre base syndicale et militante. Mulhouse nous a mandaté pour un retour sur le terrain qu’il faut poursuivre : créer des relations entre les syndiqué·es, entre les syndiqué·es et l’organisation, animer les réflexions et l’organisation, peser localement dans des actions, mettre en place des campagnes d’actions stratégiques et efficaces. Aujourd’hui, chacune à leur manière et en fonction de leur réalité, les SD ont les mains dans le cambouis. Si l’énergie dépensée ne produit pas toujours les effets escomptés sur la syndicalisation et la mobilisation, nous devons continuer à travailler d’autres pistes. La campagne évoquée ce matin pendant les commissions est un premier élément concret permettant de donner des perspectives. Par ailleurs, comment faire en sorte que la colère et l’épuisement des collègues ne restent pas cantonnés aux salles des maîtres·ses et se transforment en action collective ? Les dernières annonces sur les jours de carence et les 90% du salaire et le mépris pour les enseignant·es affiché par Sarkozy sont par exemple des leviers pour faire prendre conscience qu’hors de l’action massive, il n’y aura point de salut. Et le syndicat est l’outil incontournable de cette mobilisation, avec le syndicalisme unifié comme horizon.
Au niveau fédéral, cela implique de poursuivre nos travaux pour construire le nouvel outil syndical. Militer ce n’est pas suivre une recette, mais s’approprier et mettre en œuvre un patrimoine immatériel, celui des rêves et des luttes de celles et ceux qui nous ont précédé·es. Ce futur nouvel outil en fait partie. Nous sommes capables d’accomplir cette tâche, en avançant dans le réel et en restant cohérent avec nos valeurs.
Aux états-unis, l’élection de Trump a été possible notamment grâce à l’érosion du vote démocrate dans les catégories populaires. En France, nous pouvons faire le même parallèle. C’est le camp de la social-démocratie qui cumule de plus en plus d’abstentionnistes et fait paraître l’extrême droite beaucoup plus forte qu’elle ne le serait avec une abstention plus faible. N’ayons pas peur de confirmer notre orientation de syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
La transformation sociale ne pourra résulter que d’une action constante d’organisation, de construction, d’agitation, de lutte, de résistance et de solutions alternatives. Dans le contexte actuel, notre syndicat ne doit pas avoir peur de réaffirmer son identité auprès de la profession pour être plus lisible et amener les collègues à se syndiquer.
La création de notre organisation syndicale est issue d’un élan vital qui visait à construire un nouveau syndicalisme mené par une inventivité de fonctionnement démocratique, la reconnaissance des tendances et des minorités et la naissance de la synthèse. Une période impertinente, de dynamisme, de conquête. C’est cet esprit d’un syndicalisme de terrain, ancré dans les territoires, que nous devons retrouver pour faire venir les collègues, reconquérir des acquis sociaux attaqués et, de nouveau, gagner nos combats.