Débat action – Sabotage du service public

Pour bien combattre un·e adversaire, il est important d’essayer de comprendre sa logique et ses motivations. C’est pourquoi nous vous appelons à opérer un changement de perspective. Comment comprendre et analyser l’avalanche des mesures pour l’Éducation Nationale ces dernières années ? 
Nous avons souvent le réflexe d’expliquer la nocivité de nombre d’entre elles par le dogmatisme politique de ceux et celles qui les portent, par leur ambition personnelle, ou par une connaissance insuffisante du système éducatif et de nos métiers. 
Dans le fond, on veut toujours croire que l’objectif est bien d’améliorer l’efficacité de l’école, de régler ses problèmes et d’œuvrer dans l’intérêt des élèves. 
D’ailleurs, dans les plans de communication ministériels, c’est toujours comme cela que les réformes sont justifiées !

A l’EE nous pensons qu’il n’en est rien. En réalité, la dégradation et la désorganisation du système, que Macron et ses gouvernements successifs  ont nourri et organisé, rentrent tout à fait dans leurs plans.
– restriction  des moyens,
– multiplication  des réformes dans l’urgence, absurdes, contradictoires, jamais évaluées,          
– accélération des changements de programmes,
– mise en place d’organisations qui, sous des apparences de «bon sens», (classes du primaire à 12 élèves, groupes de niveaux au collège, réforme du lycée, etc…) aspirent d’énormes moyens et déstabilisent le système et les personnels,
– Parcoursup
– etc…
Tout cela tend vers un objectif : désorganiser le Service Public d’Éducation, le décrédibiliser aux yeux des usager-es, et ainsi conduire de plus en plus de gens vers l’enseignement privé. Il s’agit avant tout de réduire une part importante du budget de l’état et de favoriser des intérêts privés. (Le même processus est d’ailleurs à l’œuvre dans l’hôpital public)
On notera hier les interventions de nombreux S3 sur le financement du privé par les Rectorats. On se rappelle les cadeaux de Blanquer au privé, avec notamment l’obligation scolaire dès 3 ans. Depuis la mise en place de Parcoursup, le nombre de créations d’écoles privé dans le supérieur a explosé…
Ces jours-ci le magazine «Challenge » (détenu par Claude Perdriel et Bernard Arnault) affiche ce titre en ‘Une’ : École : les succès du privé, de la crèche à l’université, assurant le service après vente de nos ministres successifs.
De ce point de vue, on peut dire que le manque de candidat-es aux concours d’enseignant-es, l’augmentation en flèche des démissions de stagiaires et de titulaires, bref, ce qu’il est convenu d’appeler la « crise du recrutement » arrange bien nos dirigeant.es. Elle désorganise le service public et justifie le recours massif aux contractuel-les.
Les macronistes et la droite dénoncent constamment  l’extrémisme et la radicalité des forces progressistes. Mais les extrémistes, ce sont elles et eux, dans leur acharnement à détruire ce bien collectif que sont les services publics.
Ainsi, malgré leurs grandes déclarations, nos dirigeant.es n’ont pas intérêt à régler les difficultés rencontrées par l’école, qu’iels ont largement contribué à créer. Dégrader le Service Public d’Éducation est un moyen sûr de l’affaiblir pour peu à peu en réduire la surface.

N’ayons pas peur d’être radicaux·ales et, dans cette période de budget, mettons nos dirigeant.es face à leurs contradictions. Portons fièrement nos mandats pour les recrutements et sur la formation. Revendiquons aussi, clairement, un plan de titularisation des contractuel·les.