- Continuer à faire front – Intervention de l’Ecole Emancipée –
Les résultats des élections européennes qui ont placé le Rassemblement national en tête dans plus de 32 000 communes et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale ont précipité le pays dans l’incertitude et dans une instabilité politique dont Macron porte l’entière responsabilité. Les sondages rendent plausible le pire des scénarii qui pourrait se conclure par le renforcement voire la majorité de l’extrême-droite à l’Assemblée nationale et son arrivée à la tête de l’exécutif. Cette perspective est insoutenable et inacceptable.
C’est le refus de ce basculement qui a conduit la gauche politique, dans toute sa diversité, à s’unir en seulement quelques jours et à porter ensemble un programme alternatif au néolibéralisme et à l’extrême-droite. Cet engagement est historique. Il était fortement attendu par l’ensemble du mouvement social, pour à la fois barrer la route de l’extrême-droite aux législatives et stopper la Macronie, en offrant un débouché politique aux revendications sociales.
Il n’a fallu que quelques jours pour installer une nouvelle séquence narrative, qui remplace l’effroi et la morosité du lendemain des européennes par l’espoir et la possibilité d’une autre perspective à construire ensemble. C’est cette dynamique transpartisane qui invite plus largement les forces de gauches à faire front pour refuser le triomphe du RN, et se projeter sur un avenir plus désirable.
Dès lors, comme d’autres l’ont déjà fait – Attac, Oxfam, Greenpeace, la Convergence nationale de défense des services publics pour n’en citer que quelques-uns – et comme d’autres s’apprêtent à le faire, il est de notre responsabilité de prendre toute notre part en rejoignant cette dynamique, avec toutes les forces de progrès, partis, syndicats et associations.
En investissant le Nouveau Front Populaire, le syndicalisme de transformation sociale met en perspective un espace pour porter ses revendications, associé à un relais politique pour les satisfaire. Ce que nous n’avons jamais cessé d’appeler de nos vœux pour ce qui est de notre projet pour l’école et la société.
Si à l’inverse, nous ne nous engageons pas dans cette dynamique – en laissant le champ à d’autres ou en cantonnant cette initiative à une énième alliance politique électoraliste – nous prenons le risque de la résignation face à l’extrême-droite, en ne mettant pas toutes nos forces dans la bataille. Ce qui ne manquera pas de nous être reproché. Pire, et quel que soit le résultat des élections, nous nous coupons de toute perspective de nous projeter dans une alternative durable à gauche. Or cette grille de lecture n’est pas à l’image du syndicalisme de lutte et de transformation sociale que nous portons et défendons.
Il ne s’agit pas aujourd’hui de remettre en cause notre indépendance syndicale, à laquelle nous sommes toutes et tous fondamentalement attaché·es. Mais d’apprécier collectivement une situation inédite et anxiogène dont nous mesurons les dangers et dans laquelle nous devons mettre toutes nos forces.
C’est pourquoi, tout en continuant à appeler à participer massivement à toutes les mobilisations sur la période – 20 juin dans la Fonction publique à l’appel de la FSU, CGT et Solidaires, 23 juin dans le cadre des alertes féministes ou marches des Fiertés d’ici la fin du mois – et en mettant rapidement en perspective la date d’une grève dès la rentrée dans notre champ, la FSU-SNUipp et la FSU doivent participer à la dynamique enclenchée dans le Nouveau Front Populaire et prendre toute leur place dans les collectifs qui se mettent en place.
Pour remporter une victoire sur l’extrême-droite, la FSU-SNUipp et la FSU doivent appeler à voter pour les candidat·es du Nouveau Front Populaire. C’est toutes et tous ensemble que nous refuserons la fatalité et œuvrerons à renverser le rapport de forces.