A69 – d’autres voies sont possibles

Le projet d’autoroute Toulouse-Castres a plus de 30 ans, publiquement soutenu par les laboratoires Fabre. Tout est mis en œuvre auprès des politiques pour qu’il se concrétise. Les FSU 31 et 81 sont pleinement engagées dans la lutte contre ce projet écocidaire et inégalitaire.

Confirmée en 2014 par Hollande, la concession de l’A69 est attribuée en 2022 à Atosca, filiale du groupe NGE, pour 55 ans. Les élu·es locaux·les favorables dépeignent un Sud tarnais rural, isolé et abandonné des politiques de mobilité collective. Le recours au véhicule individuel est présenté comme indispensable. Carole Delga, présidente de la région Occitanie, la justifie en prétendant désenclaver les habitant·es éloigné·es de la métropole toulousaine, et lutter contre la pauvreté, l’isolement et le déclin ! Le slogan « autoroute = emplois » est répété à l’envi. À l’heure actuelle, les seuls emplois sont liés à la construction. Les recrutements se font à coups d’aides à l’embauche financées par les deniers publics.

Ce projet aggraverait les inégalités sociales et territoriales. Un aller/retour Toulouse-Castres coûterait entre 17 et 20 €, ce qui limiterait son usage à des fins professionnelles ou à des populations aisées. Pour imposer l’autoroute au plus grand nombre, l’utilisation de la RN 126 est rendue compliquée, allongeant le trajet de 20 minutes par rapport à l’existant.

L’A69 est financée à 65 % par fonds publics. Un tel niveau aurait dû nécessiter le chiffrage d’une alternative. Une étude diligentée par la région, non publiée, indiquerait que l’aménagement de la voie ferroviaire coûterait plus d’un milliard, soit plus que l’autoroute. Donc circulez (en voiture !), il n’y a rien voir ! Sauf qu’une autre étude, indiquerait un coût bien moindre pour la solution du rail.

Un projet écocidaire

L’Autorité environnementale et le Commissariat général à l’investissement ont émis un avis négatif sur ce projet. L’A69, c’est la bétonisation des terres et l’abattage de 200 arbres. Dans le cadre de la « compensation écologique », le concessionnaire promet d’en planter cinq fois plus tout en reconnaissant que c’est une approximation relevant du slogan publicitaire !

L’A69, ce sont des usines à enrobé à chaud qui émettent des substances toxiques : oxydes d’azote, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, benzène, benzopyrène, ozone… qui polluent air, sol et eau. Dans ce Sud Tarn, terre agricole, des exploitations bios se sont installées et développées. Mais qui achètera demain des tomates cultivées à côté d’une usine à enrobé ?

Depuis plus de 20 ans, la mobilisation citoyenne est présente pour lutter pied à pied contre ce projet. Il reste encore des recours juridiques à étudier. Un signalement au Parquet national financier a été déposé en avril, pour des faits susceptibles de revêtir le caractère de prise illégale d’intérêt, blanchiment, fraude fiscale et favoritisme. 200 scientifiques toulousain·es, dont deux membres du Giec, réuni·es dans l’Atelier d’écologie politique (Atécopol), demandent l’arrêt des travaux.

Des arboristes grimpeurs, les « écureuils », montent dans les arbres menacés faisant face à une répression violente. Au-delà de son coût humain, cette répression se chiffre à 2,76 millions d’euros.

Par Charlotte Andrieu et Alexandra Nougarède

Alternative

Depuis 2023, un projet alternatif est popularisé, présenté à l’Assemblée nationale lors de la commission du développement durable. Une autre voie permet de reprendre les terres déjà expropriées pour en faire un autre usage : aménagements routiers pour la RN 126, création de la première véloroute, création de 315 km d’alignements d’arbres, conversion en bio de 250 ha de terres agricoles, développement du train.

Depuis 2023, les formations spécialisées de santé et sécurité des conditions de travail de l’Éducation nationale du Tarn et Haute-Garonne se mobilisent aussi. Les représentant·es FSU sont les relais des communautés éducatives impactées par les usines à enrobé à chaud. Les mobilisations unitaires, manifestations, concerts, débats, expriment le refus que le vivant soit sacrifié sur l’autel du marché et de la rentabilité.

Tout est encore possible, Sivens ou Notre-Dame-des-Landes nous permettent de croire en l’obtention d’un moratoire avec l’arrêt de ce projet.