Quand son « chez soi » devient invivable hiver comme été

La définition de la précarité énergétique doit évoluer à mesure que les effets du dérèglement climatique grandissent. Elle était associée à la lutte contre le froid, elle doit inclure à présent la difficulté à affronter les vagues de chaleur qui se multiplient. C’est le constat établi par la Fondation Abbé-Pierre, dans un rapport sur « les bouilloires thermiques » en juin 2023.

Cette étude dénonce un nouvel aspect du mal-logement : il y avait ceux que l’on ne pouvait pas chauffer l’hiver, il y a ceux impossibles à refroidir l’été… souvent les mêmes.

Les défaillances de l’habitat (isolation, ventilation, surminéralisation dans des îlots de chaleur urbains) et les conditions de vie difficiles (exiguïté, surpeuplement) accroissent les effets de la canicule. Une température acceptable pour vivre doit être un critère définissant l’habitabilité d’un logement. À ce titre, celles du « confort d’été » sont des repères (26° la nuit et entre 26° et 28° la journée).

En effet, les efforts pour rafraîchir de tels habitats augmentent les factures d’eau et d’énergie tout en mettant à mal une population déjà démunie. Les conséquences sont autant sociales qu’environnementales. Alors qu’en 2020, la climatisation a été responsable de 5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le bâtiment, elle apparaît une solution contre-productive, autant par rapport au climat qu’à la précarité énergétique.

L’impact est également sanitaire. Les effets de la chaleur sont dramatiques sur la santé des plus fragiles, handicapé.es, précaires, personnes âgées ou jeunes enfants comme adultes qui subissent des perturbations du sommeil, l’aggravation de pathologies, la déshydratation ou l’accélération de la perte d’autonomie. Ce phénomène, amené à s’aggraver avec l’urbanisation et le vieillissement de la population, doit être une préoccupation de santé publique.

Aurélie Mouchet