« Définir nos batailles communes pour les mois à venir »

SYNDICALISME

  • pp. 28-29 du numéro 103 de la revue de l’Ecole Emancipée / Questions à Marie-Cécile Périllat et Alexandra Nougarède, co-SD de la FSU 31.

À Toulouse, le mouvement social sur les retraites a permis des initiatives associant les organisations syndicales CGT et FSU et les organisations politiques Nupes et NPA, notamment un meeting unitaire avec des orateur·trices nationaux·nales réunissant 1 200 personnes et un appel à continuer l’action.

éé : L’expérience toulousaine est-elle nouvelle ou s’appuie-t-elle sur un fonctionnement établi ?

Marie-Cécile : En Haute-Garonne, il y a une habitude de travail commun partis/syndicats, dont la bataille contre le Traité constitutionnel européen en 2005 a été un moment clé. Nous nous retrouvons dans les collectifs unitaires. La particularité de notre démarche actuelle, c’est d’essayer de définir quelles devraient être nos batailles communes dans les mois à venir, face aux attaques libérales et au danger de l’extrême droite. C’est dans cet esprit que la FSU 31 et la CGT 31 ont invité les partis politiques de gauche, prêts à assumer la rupture avec les politiques libérales menées précédemment, y compris sous le quinquennat Hollande, à débattre à la veille du 1er mai 2022, à un moment où la Nupes était en gestation. Nous leur avons dit le besoin de rupture avec les politiques antisociales, mais aussi d’unité à gauche pour redonner de l’espoir aux salarié·es. Les partis qui allaient composer la Nupes et le NPA ont répondu positivement à cette proposition.

Alexandra : Nous menons une campagne syndicale sur les salaires depuis 2022. Le 15 octobre 2022, nous avons organisé avec les partis politiques de gauche un rassemblement sur ce sujet. Cela s’est poursuivi avec une réunion publique coorganisée avec la CGT, où nous les avons conviés pour qu’ils puissent entendre nos constats et nos revendications, et nous donner leurs propositions politiques pour y répondre. 

éé : Le mouvement des retraites a-t-il posé les choses différemment ou dans la continuité ?

Alexandra : Le mouvement social a montré que les organisations syndicales répondaient aux attentes de la population : travailler moins et mieux. Nous portions les réalités du travail, en déconstruisant le projet gouvernemental, ce qui a permis aux salarié·es de s’engager massivement. L’unité était une de ces attentes pour contrer les projets libéraux mortifères. En Haute-Garonne, pendant le mouvement, ce travail commun a continué : des réunions publiques dans le département, un meeting à Toulouse, la participation aux fêtes des organisations ont été réalisées. Ce travail commun n’a malheureusement pas pu être élargi au reste de l’intersyndicale.

Marie-Cécile : Il est à noter, malgré tout, que l’union Solidaires a participé au meeting commun même si elle ne souhaite pas poursuivre ce travail partis/syndicats. C’est sans doute la dynamique du mouvement retraites qui a rendu cela possible.

éé : Est-ce une initiative locale conjoncturelle ou a-t-elle vocation à s’élargir et s’inscrire dans la durée ?

Marie-Cécile : Nous souhaitons que cette initiative puisse nourrir des dynamiques semblables dans d’autres départements. Les tensions qui ont émaillé les rapports partis/syndicats durant le mouvement au niveau national ne sont pas une fatalité si à la base un élan existe pour construire un front social et politique. C’est le sens d’un texte commun signé fin juin.

Alexandra : Après avoir maintenu ce cadre de dialogue tout au long du mouvement, nous le poursuivons avec un plan de travail commun à la rentrée pour que nos revendications trouvent un débouché politique. Le mouvement social a montré la nécessité d’élargir notre initiative pour aller au plus près des travailleur·ses, en organisant les réunions sur l’ensemble du département. Le contexte social et politique démontre la nécessité de travailler ensemble pour lutter contre les classes dominantes. Nos organisations ont la responsabilité de l’unité des forces syndicales, politiques, associatives pour construire ensemble une alternative et offrir un nouvel espoir. ■

Propos recueillis par Bernard Deswarte