Débat général – Le SNES-FSU doit sortir de cette CAN avec des mandats offensifs

Rozenn Cros (BN, Nice)

L’actualité nous impose de nous concentrer sur la poursuite de la lutte contre la réforme des retraites. Nous connaissons toutes et tous les enjeux de cette lutte, tant d’un point de vue social que politique.  L’issue de ce combat déterminera aussi notre capacité à combattre les autres réformes néo-libérales de ce gouvernement, y compris sur les questions éduc. 

La baisse du nombre de manifestant.es et de grévistes depuis le 7 mars a été interprétée comme un indicateur d’un mouvement qui s’essouffle, même si les cortèges étaient toujours imposants. Mais que de rebondissements… En effet, le passage en force de cette réforme à coup de 49/3 a énervé la population et rebattu les cartes. Comme quoi rien n’est joué…  Le rejet de la motion de censure hier, loin de calmer la population, attise la colère. Et les OS doivent jouer leur rôle moteur pour soutenir et relayer la contestation des travailleuses et travailleurs. 

Elle prend en fait  différentes formes avec des conséquences qui sont ou qui vont devenir encore plus concrètes dans le quotidien de la population (grève des éboueur·ses, raffineries, routes bloquées).  C’est à ce moment crucial qu’émerge un discours criminalisant envers les grévistes, leur faisant porter la responsabilité des désagréments subis pour la population. Ces modalités d’action sont qualifiées de ‘sauvage’. 

Et  la criminalisation de tout mouvement contestataire vise à justifier la répression policière qui se multiplie sur le territoire . En cultivant la peur des débordements, ils et elles répriment à coup de lacrymo et de garde à vue les manifestant.es., comme à Rennes, et interdisent  des rassemblements, comme à la Concorde. Nous devons être très vigilant.es, condamner ces abus et soutenir toutes les personnes victimes de ces exactions. Nous devons aussi protéger la jeunesse de plus en plus engagée dans la lutte en l’informant sur ses droits entre autres.  

Puisque nous sommes capables de brosser le tableau de ce qui  passe ou va se passer, nous devons pouvoir anticiper notre stratégie. Nous devons  profiter de la perte de  popularité  de ce gouvernement, pour les confronter à leur propres responsabilités. Leur discours récurrent sur leur légitimité émanant des élections n’est plus valable aujourd’hui. Il faut le marteler : ignorer la contestation, en maintenant entre autre ce dialogue de sourd·es,  est un refus de démocratie. Ce gouvernement n’a plus aucune légitimité. 

Nous sommes toutes et tous conscient·es que les organisations syndicales doivent continuer à travailler d’une seule voix, cela a été la force du mouvement jusque là. C’est d’autant plus important à un moment où le pouvoir va tenter de diviser, discréditer et dénoncer les formes de mobilisation potentiellement impopulaires que  nous adoptons et adopterons, même si elles sont pour le moment comprises par la population. 

A ce sujet, l’épisode de la grève des surveillances des EDS fait parler. Nous léserions la jeunesse… Nous avons lié cet appel partout où c’était possible à la contestation de la réforme des retraites. Mais c’est aussi l’occasion de démentir ce discours et de faire connaître notre position sur ces épreuves en mars. Loin de léser les élèves, leur permettre de passer leurs épreuves plus tard serait bien préférable pour elles et eux… Notre organisation syndicale, en tant qu’orga majoritaire dans l’éducation,  est l’organisation qui doit communiquer sur ce sujet.  En cette période, il faut être clair·es sur nos mandats, dans l’intersyndicale également, et ne surtout pas laisser penser que la grève des surveillances impacterait la scolarité des élèves négativement.  C’est la première fois que des épreuves ont lieu en mars et réussir à les repousser au mois de juin nous permettrait de gagner un de nos mandats. Si la journée d’hier n’a pas permis d’entraver le bac, la partie n’est pas finie. 

Certain·es collègues envisagent la grève des corrections du bac, un des rares moyens de pression que nous avons. Quelle va être la position du SNES-FSU sur cette question ? Comment allons-nous soutenir, protéger et informer les collègues sur les modalités, leurs droits et risques ? Merci pour la note juridique, mais elle ne permet pas de répondre à toutes les questions. Exemple du cas où un·e collègue effectue son service mais ne corrige pas les copies ?

La prochaine étape est bien évidemment la grève du 23, mais la CAN doit voir au delà de cette journée, débattre et se prononcer sur l’après, en envisageant toutes les éventualités possibles, pour ne pas être écartée de la colère populaire qui risque de s’embraser. 

Notre OS doit sortir forte de ces mobilisations et œuvrer pour leurs réussites. L’heure n’est pas au doute, nous avons le pouvoir de mobiliser comme les dernières semaines l’ont prouvé. Au vu des réformes néolibérales prévues dans l’éducation, il faut que nous prouvions que nous avons un rôle à jouer et que nos combats ne se soldent pas toujours par un échec !