Comment mieux structurer les différents temps de la vie quotidienne des enfants afin qu’ils soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé ? C’est la question posée à la convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Macron et Bayrou convoquent ainsi l’objet des rythmes scolaires pour répondre aux difficultés du service public d’éducation, en grande partie fruit des politiques éducatives menées ces dernières années. Le récent rapport de la cours des comptes sur le premier degré se situe dans la même veine, faisant de l’inadéquation entre organisation du temps scolaire et besoins des enfant l’élément explicatif des inégalités d’apprentissages. Ce faisant, ils entendent invisibiliser les critiques contre la volonté inégalitaire visant la ségrégation des acquis scolaires, assumée par Attal lors de la présentation des mesures du choc des savoirs, et que la mobilisation de l’année passée avait permis de dévoiler à une large échelle. La lettre de saisine va même jusqu’à reprendre à son compte un certain nombre de mesures, des devoirs faits jusqu’aux stages de réussite, en passant par les territoires éducatifs ruraux ou les cités éducatives, pourtant constitutives de l’exacerbation des inégalités d’apprentissage.
La question des temps de l’enfant n’est pas nouvelle et a historiquement une fonction de désociologisation des enjeux de l’École. Dès les années 70, des chronobiologistes s’invitent dans les débats scolaires, important dans l’école leur expertise construite dans d’autres domaines. Ce faisant, ils initient une reformulation du débat sur les inégalités d’apprentissage, perpétuée depuis, faisant prévaloir une causalité biologique aux explications sociologiques.
La lettre de saisine se situe dans cette veine, indiquant que Les avancées scientifiques en neurosciences et en pédiatrie, notamment en chronobiologie révèlent une inadéquation entre les rythmes biologiques des enfants et l’organisation actuelle du système éducatif.
Blanquer avait les neurosciences, Macron et Bayrou convoquent les chronobiologistes. Or il en va de même pour les travaux sur les rythmes de l’enfant que pour les résultats issus des sciences cognitives : ils résistent mal au réel lorsqu’ils quittent le laboratoire. Les recherches en sciences de l’éducation, en sociologie des apprentissages, encore une fois évincées, offrent des perspectives bien plus puissantes parce qu’elles éclairent bien mieux les mécanismes mettant en échec les élèves des classes populaires et donc les leviers à manipuler, ce que reprend notre projet de transformation de l’école.
C’est cette réalité qu’il va nous falloir mettre en avant dans la période ouverte par la convention citoyenne. Car comment expliquer que les comparaisons internationales ou les travaux de recherches ne permettent pas de dégager une organisation du temps scolaire plus efficace qu’une autre ? C’est parce que ce sont d’abord les moyens, la formation des personnels, le maintien d’une même ambition pour toutes et tous, et un renforcement de l’action pédagogique dans la classe en lieu et place de dispositifs d’externalisation qui expliquent les différences de résultats.
Une bataille d’opinion est devant nous, qui ne se résume pas à contrer les volontés de prof-bashing. Une bataille d’opinion, à articuler avec la mobilisation contre un budget austéritaire et contre la politique éducative menées.
cette bataille implique une démarche unitaire, syndicale, mais aussi avec les associations partenaires de l’école, d’éducation populaire, sacrifiées ces dernières années avec des subventions sabrées.
La convention climat avait produit des conclusions en contradiction avec la logique productiviste d’un gouvernement qui ne les avaient pas reprises. Pour non seulement imposer les vrais enjeux de l’école dans le débat public, mais aussi éviter une réforme des rythmes scolaires qui n’invaliderait pas le caractère inégalitaire du système scolaire, et aggraverait les conditions d’exercice des métiers, il faut articuler travail de conviction sur le fond et perspective de mobilisations.