L’élection de Trump a consacré la victoire du national capitalisme dans la première puissance mondiale. Les traits saillants de ce national capitalisme ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau, c’est la faiblesse des forces qui les tempéraient .
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, des théoriciens du libéralisme comme Friedman considéraient que la démocratie, non seulement n’était pas utile, mais pouvait être une entrave à l’économie de marché. Un de leurs modèles était le Chili de Pinochet. Les années 80 avec Thatcher et Reagan ont été un moment de cette contre révolution néo libérale et conservatrice. Reagan considérait « l’État non comme une partie de la solution mais comme une partie du problème ».
Trump est l’enfant de cela.
Il a nommé Elon Musk à la tête du département dit de l’efficacité gouvernementale. Toutes les agences humanitaires sont dans le viseur et le Ministère de l’éducation va disparaître. Dans le même temps, le monde universitaire est réduit au silence au nom de la chasse contre le wokisme. Les recherches sur le réchauffement climatique et les discriminations sont particulièrement visées.
Les cinquante dernières années étaient marquées par la fiction de « la concurrence libre et non faussée » et le mythe d’une croissance illimitée. L’État devait assurer la sécurité du commerce sans l’entraver. Les accords commerciaux internationaux s’imposaient partout, favorisant la domination des plus forts.
La crise climatique, mais aussi le caractère limité des matières premières dont dépendent les technologies actuelles rendent cela caduc. Dans ces conditions, qualifiées de capitalisme de la finitude, le projet de Trump vise à assurer l’accès aux richesses au capitalisme américain. Ses déclarations sur Panama, le Canada, Gaza ou le Groenland sont à placer dans cette visée tout comme la trahison à l’égard des ukrainien·nes au nom d’un accord avec Poutine permettant l’exploitation des terres rares. C’est aussi la vision du monde d’autres dirigeants.
Inexorablement, ces resserrements nationalistes remettent en cause tous les équilibres internationaux, encouragent les relations de rapport de force entre états et accroissent les risques d’affrontements inter-impérialistes.
Il faudrait des heures pour approfondir tout cela.
Au-delà de l’idée que tenter de comprendre le monde est un pré requis pour essayer de le changer, cela nous concerne, syndicalistes, très concrètement.
La volonté de Macron de réarmer l’Europe sans taxer les plus riches est un exemple d’instrumentalisation des déséquilibres du monde pour justifier la poursuite du démantèlement de l’État social.
Cela nous concerne aussi parce que il n’y a qu’un pas entre le fait de se défendre et celui de participer à cette concurrence impérialiste. Cette vision du monde, c’est celle de l’extrême droite. Elle n’a pas attendu Trump pour être l’ennemie du mouvement social, de la redistribution, de la science, des idées progressistes et humanistes et finalement de la démocratie. C’est la conséquence du système capitaliste.
Comprendre cela, c’est comprendre l’urgence et la nécessité de s’unir pour y résister. L’histoire l’a montré : seul un solide front social et politique populaire permettra de renverser la vapeur. Au mouvement syndical de le construire.