Rassembler notre camp

Nous avons un gouvernement composé de nouvelles têtes. Pas du tout.
Nous avons un nouveau gouvernement. Pas vraiment.

Ce que nous avons c’est un exécutif composé de pions interchangeables qui ne veulent que deux choses : le maintien de leur pouvoir personnel et le maintien de leur politique au service des privilégié·es. Une politique qu’il ne faut pas avoir peur de qualifier : une politique de classe.
C’est donc une continuité que nous vivons.

La tripolarisation du champ politique en trois blocs gauche, extrême-droite et droite libérale continue son chemin vers la bipolarisation en deux blocs, la Macronie faisant ouvertement le choix d’une politique compatible avec l’extrême-droite pour défendre les intérêts des plus riches.

Cette continuité s’accompagne forcément d’une accélération et d’un approfondissement des différentes crises que génère le capitalisme.

Une crise climatique qui tue, détruit et met en péril des territoires entiers.
Une crise démocratique et politique avec un exécutif, symbole d’une 5ème république à bout de souffle, autant accroché au pouvoir que rejeté par la population.
Une crise économique avec un déficit public qui se creuse, des plans de licenciements et la pauvreté qui explosent autant que les profits et fortunes d’une minorité.
Une crise scolaire conséquence d’un projet inégalitaire qui vise à maintenir la reproduction de classe.

La conjugaison de ces crises fait naître une crise sociale. Les potentialités d’explosion sont réelles. Mais les contours et la chute sont inconnus.

L’extrême-droite est, à ce jour, la plus en capacité de tirer profit. Le pouvoir actuel lui pave le chemin. Le traitement de la situation de Mayotte comme la sortie de Retailleau sur les femmes voilées font plus que normaliser les idées de l’extrême-droite : cest la négation de la question sociale pour la remplacer par la question migratoire et la question raciale dans le débat public.

Et le prochain budget sera pour le RN une nouvelle occasion d’exiger des choix politiques qui conforteront une orientation xénophobe, raciste mais aussi antisociale.

Face à cela, la responsabilité du mouvement syndical est plus grande que jamais. C’est à lui d’analyser politiquement la situation et se donner les moyens d’être agissant en associant nos collègues.

Être agissant signifie, contrairement à la honteuse déclaration commune CFDT/Medef réclamant de la stabilité, exiger d’autres choix politiques. A commencer par un budget qui permette de subvenir aux besoins de la population, en investissant dans les services publics notamment, ce qui passe par la taxation des plus riches comme des entreprises. Dans l’affrontement de classe en cours,il faut remettre la question de la répartition des richesses au centre du débat et refuser les diversions racistes et islamophobes.

Au vu de l’instabilité, les mobilisations des salarié·es, de toute la population comme la question électorale sont liées et nous ne pouvons l’esquiver. Le niveau de conflictualité à atteindre suppose en outre d’accélérer aussi bien sur l’unification syndicale que notre rapport au mouvement social tout comme au politique.

Il faut donc être force de proposition et d’action dans la construction, plus que jamais nécessaire, d’un front social politique. Seul un front de ce type, créé à partir des dynamiques de nos mobilisations et se traduisant électoralement, sera en capacité d’unifier à gauche pour mettre un coup d’arrêt au libéralisme et à l’extrême-droite dans la rue comme dans les urnes.