11ème congrès de la FSU… Lendemains de Rennes

Le onzième congrès de la FSU vient de s’achever à Rennes après une semaine de débats intenses, d’écritures ambitieuses, de recherches de synthèse exigeante, menées tambour battant par 750 congressistes parmi lesquel·les la délégation de l’École émancipée, plus nombreuse congrès après congrès. Ces camarades étaient présent·es soit directement, soit par le biais des syndicats nationaux ou des sections départementales.
Le congrès a résonné tout du long des forts enjeux auxquels le syndicalisme de transformation sociale se retrouve confronté dans le contexte sombre de l’émergence d’un nouvel impérialisme américain et d’une montée électorale de l’extrême droite quasiment partout dans le monde, à laquelle le gouvernement en France devient de plus en plus poreux sur fond d’aggravation de l’austérité. Ce contexte et l’incertitude du calendrier des prochaines échéances électorales rendaient impossible la tenue d’un congrès « ordinaire » comme la tentation d’un refuge dans d’illusoires replis corporatistes.
Synthèses partout
C’est bien ce qu’a montré justement la dynamique de ce congrès tout en s’attachant à traiter les questions posées avec une entrée fédérale. Le rôle et l’influence des sections départementales ont été notables dans cette approche, avec des interventions largement libérées des entrées d’appartenance à tel ou tel syndicat national. Se pencher sur la manière de faire synthèse, une première fois au sein des congrès locaux, puis la faire vivre ensuite au sein du congrès national est éclairant sur l’apport des sections départementales dans la construction de la synthèse fédérale finale (lire l’interview croisée de délégué·es du Cantal, de Haute-Garonne et de Moselle p. 20).
Deux points particuliers, et un peu emblématiques, ont illustré la pertinence d’une recherche constante de synthèse exigeante sur des sujets saillants et sensibles : la qualification de la guerre menée par Israël à Gaza et le travail à mener autour d’un plan de sortie de l’école privée des financements publics dans la perspective de sa nationalisation (lire p. 22).
De thème en thème
Au fil du découpage des textes en quatre thèmes, le congrès a permis d’actualiser l’approche de certains sujets, d’en approfondir d’autres comme d’en empoigner de nouveaux.
Le thème 1, consacré à l’éducation, a notamment débattu de la hiérarchie des différents cursus scolaires proposés au lycée et de leur contribution à la reproduction des inégalités (lire p. 24). De son côté, le thème 2, abordant les services publics et leurs agent·es, s’est à nouveau emparé du curseur attribué à chacun des deux éléments de la synthèse fédérale des revendications salariales : l’augmentation en pourcentage, qui creuse les inégalités, et l’attribution uniforme de points d’indices, qui au contraire les nivelle (lire p. 25). De façon transversale, il a mis en lumière la nécessité de poursuivre la lutte contre la précarité parmi les personnels avec une focale mise sur les accompagnant·es des élèves en situation de handicap (AESH) : lire le point de vue d’une d’entre elles, déléguée au congrès (p. 23). Se penchant sur les alternatives à mettre en place pour changer de modèle de société, le thème 3 a organisé une table ronde de l’Alliance écologique et sociale, réunissant Oxfam, Greenpeace et Sud Rail et permettant d’exposer à la fois les fondements de cette approche originale de syndicats et de mouvements écologistes comme la déclinaison concrète des campagnes menées. Il a également permis de creuser l’approche syndicale de la fédération sur la mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation, déjà évoquée lors du congrès précédent et mise en chantier depuis (lire p. 22). Enfin, le thème 4, consacré au syndicalisme, a notamment confirmé l’engagement de toute la fédération dans la dynamique de refondation du syndicalisme de transformation sociale avec une première étape de construction d’une maison commune (lire p. 21). Il a continué d’avancer vers une fédération clairement féministe et proposé également d’avancer sur la prise en compte de la place des retraité·es dans la fédération (lire p. 24).
Enfin le congrès a été l’occasion d’un renouvellement au secrétariat général, Caroline Chevé succédant à Benoît Teste.
Rendre concrètes et palpables toutes ces réflexions et mandatements forts auprès des personnels et de nos partenaires syndicaux et associatifs sera tout l’enjeu des prochains mois pour la fédération.
Claire Bornais, Laurent Cadreils, Marie Haye, Arnaud Malaisé et Emilie Moreau