Mener bataille sur la question climatique, quand le libéralisme tue

La conférence des nations unies sur le climat dite Cop 29 vient de s’ouvrir à Bakou en Azerbaidjan. Il y a maintenant quelques jours le service européen Copernicus sortait un rapport indiquant que l’année 2024 serait certainement l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première avec une hausse de la température moyenne du globe de 1,5 °C au-dessus de la période préindustrielle. Ces 1,5 °C qui constituait l’objectif de limite du réchauffement climatique fixé par les accords de Paris en 2015. Selon un rapport des Nations Unies, le monde est sur la trajectoire d’une augmentation catastrophique de 2,6 à 3,1 °C au cours de ce siècle. Telle est la conséquence de l’inaction climatique des gouvernements. Et les catastrophes climatiques extrêmes, devenues plus fortes et plus fréquentes, des tempêtes en Floride à la sècheresse et aux incendies de forêt en Amazonie, nous en font mesurer le prix.

Il y a maintenant deux semaines, la région de Valence subissait des pluies torrentielles. Du fait d’une mer Méditerranée en surchauffe, il est tombé en quelques heures l’équivalent d’une année de pluie dans certaines localités. Et, du fait de choix politiques, il y a eu plus de 200 morts.

L’exemple valencien est un condensé des enjeux posés par la crise climatique. Y répondre nécessite d’articuler une rupture avec les modèles productivistes et inégalitaires pour freiner le réchauffement avec des choix politiques visant à la fois l’adaptation aux effets désormais inévitables du changement climatique et le renforcement des services publics pour répondre aux situations de crise. Le gouvernement valencien, comme la grande majorité des gouvernements, dont le gouvernement français, ont fait d’autres choix, mortifères.

Car la définition d’un modèle de développement urbain niant les risques environnementaux est un choix politique. Les coupes sombres dans les services publics, dont témoigne la fermeture à Valence de la cellule de crise permettant de coordonner les urgences, ou l’absence de réponse aux demandes de réparation du standard téléphonique formulées par les services d’urgence sont des choix politiques. L’absence de mesures de protection des salarié·es en cas de crise, comme la décision, pour se conformer aux demandes des employeurs, de maintenir ouverts les différents lieux de travail malgré l’alerte, sont des choix politiques.

Et face à une démonstration de l’inanité des politiques menées, la droite et l’extrême-droite espagnoles se sont réfugiés derrière les mêmes raisonnements que ceux employés dans d’autres pays : impossibilité de prévoir des cataclysmes de cette envergure, maintien d’un discours climatosceptique et mise en avant de solutions technicistes qui ont aggravé la situation, comme par exemple la référence aux grands travaux de déplacements des fleuves valenciens entamés par le Général Franco.

La cure d’austérité que le gouvernement entend imposer aux services publics impacte négativement non seulement la nécessaire bifurcation écologique et la lutte contre le dérèglement climatique mais aussi les capacités à répondre à des catastrophes climatiques extrêmes mettant en danger des populations. Dans le combat budgétaire que nous menons pour l’école et les services publics, et pour la redistribution des richesses, il nous faut faire valoir la dimension écologique, populariser les alternatives notamment en promouvant les travaux de l’alliance écologique et sociale qui se réunit ce weekend. Attac, Oxfam et 350.org mettent en avant le rétablissement de l’impôt sur la fortune, avec un volet vert, la taxation des super-héritages et des transactions financières pour se doter des moyens publics indispensables pour répondre à la crise climatique. Nous pouvons participer de la légitimation de ces propositions en promouvant auprès des personnels les alternatives de gauche aux impasses productivistes et inégalitaires du camp libéral, et climatosceptiques de l’extrême-droite.