Avec la dissolution de l’Assemblée Nationale, Macron a fait basculer le pays dans une instabilité politique majeure et mis en lumière des processus déjà en cours .
Deux pôles sont sortis renforcées des élections. D’abord La gauche, unie sous la bannière du NFP, première force à l’Assemblée Nationale. C’est le fruit d’une mobilisation citoyenne et militante, des partis et du mouvement social pour faire barrage à la victoire annoncée du RN. Ensuite l’extrême-droite, qui, si elle pas été victorieuse du scrutin, est sorti en tête du premier tour.
Le camp macroniste ainsi que la droite se sont effondrées. Mais avec la nomination de Michel Barnier, c’est le pôle le plus affaibli, qui a assuré son soutien à Macron depuis 8 ans, qui se retrouve de nouveau en situation de gouverner. Déni de démocratie qui a conduit aux mobilisations conséquentes du 7 septembre auxquelles nos collègues ont par ailleurs répondu présent·es, et à la prochaine journée du 21/09.
Deux pôles renforcés donc, la gauche, unifiée autour d’un programme de rupture, et l’extrême-droite. C’est cet affrontement qui va structurer le champ politique dans les mois à venir.
Nous sommes dans une course de vitesse dont l’horizon électorale n’est pas encore connue. Par contre l’imminence de la bataille idéologique nous l’avons sous les yeux. C’est maintenant. C’est chaque jour.
Et ce d’autant plus que, le camp macroniste, pour faire barrage aux politiques de justices sociales et environnementales d’une gauche de rupture, est prêt à chercher l’adoubement du RN. Front national plutôt que Front populaire qui va de paire avec la dédiabolisation de l’extrême-droite et la diabolisation d’une partie de la gauche menées par une partie des médias et la classe politique libérale.
Situation solennelle. Porteuse à la fois d’espoir par l’engagement d’une partie de la population dans le soutien à un programme de rupture de gauche, et dramatique tant l’hypothèse fasciste est sérieuse. Cette situation n’est pas sans évoqué les années 30. À l’époque la CGT avait le choix de rejoindre le front populaire, participé à la rédaction de son programme. Ce qui ne l’avait aucunement empêché d’appeler aux mobilisations de 36.
On pense aussi à d’autres pays, de l’Argentine jusqu’à l’Italie ou la Hongrie. La confédération européenne des syndicats, pointait en juillet les pistes pour entraver l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite et permettre des politiques de rupture favorables à nos revendications:
- un engagement plein et entier dans les démarches unitaires, syndicales, du mouvement social dressant des revendications de rupture,
- la construction de réponses locales, agrégeant le salariat, la population pour faire vivre ses alternatives
- la participation à la construction de débouchés politiques
Ces éléments doivent nourrir nos débats sur le rapport au NFP. Ils nous poussent à ne pas nous retrancher derrière une affirmation d’indépendance qui serait avant tout un maintien d’espaces militants en silo de pré-carrés, comme si la situation n’invitait pas à de profond changement de paradigme militant.
Renforcer les luttes sociales, territorialiser l’action militante, oeuvrer à l’unité, mouvement social et NFP, pour ouvrir des espaces de débat pour la population, participer des discussions programmatiques avec le NFP, et le cas échéant, s’il arrivait au pouvoir, continuer notre action en toute indépendance. Voici certainement les pistes à suivre pour saisir le moment qui est devant nous.