Si la situation politique est complexe, les résultats des élections ont montré un rejet des politiques des gouvernements Macron et confirmé l’audience grandissante de l’extrême droite.
La nomination de Michel Barnier premier ministre est la concrétisation de la construction d’un front anti populaire pour faire barrage à la gauche. Pour les néolibéraux, la démocratie ne consiste pas à respecter le suffrage universel mais à défendre et à conserver coûte que coûte les politiques favorables aux intérêts des classes dominantes et du marché.
Pour que cette alliance des droites tienne, des gages seront donnés à l’extrême-droite. Ces gages se feront sur ce qui structure la société : le racisme systémique et particulièrement l’islamophobie.
De récents travaux de sociologues montrent que les questions identitaires et de racisme sont des facteurs qui ont permis la progression du RN. En France, le colonialisme puis le post colonialisme ont construit puis nourrit le racisme. C’est un élément qui s’inscrit dans une longue histoire et structure une société française particulièrement sensible à la question de “l’intégration” de populations étrangères. Cette sensibilité n’est pas autre chose que l’expression d’une panique identitaire.
La force du RN est d’avoir réussi à politiser cette question identitaire en dépolitisant en creux celle des inégalités économiques, réussissant à construire une alliance au-delà des classes sociales .
Le racisme compte politiquement parce qu’il structure socialement. C’est parce que notre société est racialisée que le racisme est un tel marqueur dans le vote d’extrême droite. Comme l’écrit Félicien Faury : “la xénophobie et l’islamophobie soudent l’ensemble de l’électorat hétéroclite du RN.” Et le constat est implacable : aujourd’hui 61% des françaises et des français pensent que l’islam est incompatible avec la république.
C’est cette islamophobie, relayée dans un certain nombre de médias, qui a été utilisée pour discréditer durant les deux dernières campagnes toute une partie de la gauche. Les procès en soutien aux terroristes, en communautarisme, en indigénisme s’appuient sur cette opinion majoritaire. Alors même que les propos attaqués sont les mêmes que ceux d’officiel·les de l’ONU.
Il y a donc urgence à agir en tant que personnels des écoles. Il y a une obligation à lutter au quotidien, sans relâche, en portant une éducation contre le racisme, l’islamophobie et toutes formes de discriminations d’un point de vue politique et non seulement moral : C’est une lutte pour l’égalité. Et continuer à défendre le projet d’une école vraiment émancipatrice car comme l’écrit Faury dans le dernier Fenêtre Sur Cours, l’école crée “frustration, violence et humiliation”.
Il faudra aussi sûrement se battre très vite contre des mesures discriminatoires telle que le retour d’un Ministère dédié à l’immigration. Et le faire avec les premières et premiers concerné·es en reconnaissant que ce qu’iels subissent est systémique. Il n’y aura ni tergiversation ni accommodement possible : c’est le racisme qui unit le camp d’en face, à nous de répondre.