Il est maintenant admis que la situation de l’école en France est plus que difficile et qu’un investissement conséquent devient indispensable : salaires, carte scolaire, remplacement, transition écologique des bâtiments, droits des personnels…
Le rapport de l’OCDE publié mardi dernier appuie ce constat : en France la dépense par élève a augmenté de 1,8% contre 2,4% en moyenne dans les pays de l’OCDE, le privé est financé à hauteur de 73% contre 59% dans l’OCDE. Il est donc bien possible d’augmenter la part du budget consacrée au service public d’éducation, il s’agit de choix politiques !
Depuis cet hiver, la focale de nos gouvernant·es est mise sur l’explosion de la dépense publique, prétexte à l’économie de 10 milliards dans la fonction publique. Dans les écoles, les effets néfastes se font déjà sentir sur la carte scolaire : fermetures en masse ou ouvertures insuffisantes, y compris à cette rentrée.
Un rapport conjoint des Inspections Générales des Finances (IGF) et de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR) argue de la baisse démographique prévue pour augmenter de façon drastique les fermetures de classes et d’écoles. Ce rapport ne tombe pas par hasard car si le budget 2024 est reconduit à l’identique, cela signifie 1 709 suppressions d’emplois pour le 1er degré auxquelles s’ajoute la mesure corrective de 1 059 emplois suite aux annonces d’Attal en décembre 2023. A aucun moment il n’est suggéré que cette baisse démographique est une opportunité pour faire du qualitatif.
Dans leur « revue des dépenses » publiée début septembre, les Inspections Générales des Finances (IGF) et des Affaires Sociales (IGAS) constatent un taux similaire d’absence entre secteur privé et fonction publique. Les IG proposent d’instaurer de 2 à 3 jours de carence dans la fonction publique et de modifier le taux de remplacement, ce qui conduiraient à ne percevoir que 90% de son traitement durant un arrêt de courte durée. Ces mesures au coût social désastreux et qui font fi des causes de ces arrêts, permettraient des économies estimées au maximum à 1 milliard d’euros. C’est négligeable au regard des 100 M d’€ de fraude fiscale et 4,5 M d’€ de manque à gagner d’ISF. De l’argent pour les recettes, il y en a, il s’agit de choix politiques.
Depuis les élections législatives, nous sommes plongé·es dans une véritable bataille idéologique sur la dépense publique et donc les services publics. Pour l’école, on est à l’os et nous devons replacer les moyens de l’École au centre de la bataille pour un autre projet de société. La grève interpro du 1er octobre, programmée le jour de présentation d’un budget dont les lignes sont connues mais à l’issue bien incertaine, s’inscrit dans ce cadre. Le contexte politique en fait bien plus qu’une habituelle mobilisation d’automne. Nous devons mener dès maintenant une campagne syndicale de conviction centrée sur les moyens pour l’école et montrer que nos revendications apportent des alternatives crédibles aux politiques libérales.
Le mouvement social a une lourde responsabilité pour que cette bataille idéologique emporte la société. Nous avons également la responsabilité historique de travailler avec le NFP, seul arc offrant des débouchés politiques à nos revendications. En toute indépendance, nous devons irriguer leur programme et appuyer leurs actions. Si le spectre de 34 plane, il nous appartient d’écrire collectivement une autre histoire.