Réforme de la formation initiale – vers la mise au pas des enseignant·es pour servir le « Choc des savoirs »!

On aurait pu trouver le projet de réforme de la formation initiale séduisant. Un concours en fin de L3, suivi de 2 années de formation initiale débouchant sur un master et rémunérées pour permettre aux futur·es enseignant·es de se consacrer pleinement à leur futur métier. Cinq années pour se former longuement à la polyvalence et à la complexité du métier, pour se nourrir de toute la recherche en éducation, pour bâtir les fondements de sa professionnalité.

On aurait pu espérer que cette réforme permettrait la démocratisation du système scolaire. Il n’en est rien.

Les effets structurels positifs vont être contrebalancés par une exacerbation de la mise sous tutelle des métiers de l’éducation.
Car l’’objectif est là : obtenir l’adhésion pleine et entière des futur·es enseignant·es au « Choc des savoirs ». Les mettre au pas tout en assumant publiquement que les élèves ne sont pas toutes et tous capables. Les formater pour assujettir leurs pratiques et restreindre leur liberté pédagogique.
Dans les Ecoles Nationales Supérieures du Professorat (ENSP), véritables écoles normatives, la formation universitaire sera pilotée de façon très étroite par le MEN. Et pour y parvenir, rien n’a été laissé au hasard.

Les directeurices des ENSP se verront fixer, par le MEN, des objectifs dont l’atteinte conditionnera une part de leur rémunération.
La part des enseignant·es chercheur·es sera diminuée au profit d’enseignant·es « choisi·es », sous contrat de 3 ans renouvelable une fois ;
Choisi·es, jetables donc soumis·es, dociles et exécutant.es.

Les enseignements dispensés en licence préparatoire seront organisés en 3 blocs (les fondamentaux pour 50 %, la didactique, la pédagogie et les valeurs de la République ! pour 30 % et les stages pour 20 %).

Ces enseignements seront inscrits dans une maquette nationale unique dont on se doute que tout un pan de la recherche universitaire en sera écarté. Celle qui ne sert pas l’idéologie du MEN.

La 1ère année post-concours, les lauréat·es deviendraient « stagiaire alternant·e » un statut qui n’existe pas ! Ils et elles ne percevront que 900€ par mois, moins que le SMIC, sous la forme d’une indemnité. C’est une remise en cause du statut : un·e lauréat·e du concours ne percevrait pas de traitement, ne deviendrait pas fonctionnaire stagiaire, ne cotiserait pas pour la retraite !

Alors que les académies les plus déficitaires continuent de compter moins d’un·e admissible par poste, une réforme est indispensable. Une autre réforme qui redonne du sens au métier grâce à la mise en place d’une formation universitaire aux contenus ambitieux.

Aujourd’hui, la colère gronde dans les INSPE. Le SNESUP, le réseau des INSPE, les OS du sup sont vent debout. La dernière réforme s’était déjà construite dans la précipitation et date d’à peine 3 ans. Le 6 mai dernier, une journée morte était organisée dans les INSPE, des motions sont votées dans les universités. La FSU-SNUipp doit être partie prenante et aux côtés de celles et ceux qui s’organisent et qui luttent contre leur mise sous tutelle. La réaction doit être à la hauteur des attaques. C’est en luttant ensemble qu’on pourra imposer un autre projet.