Des programmes fait pour trier les élèves

Blanquer avait dit qu’il ne modifierait pas les programmes, il les a très très largement ajustés et surtout accompagnés de guides et d’évaluations nationales pour modéliser, normer, contrôler les pratiques enseignantes et les assujettir à celles correspondant aux dogmes des neurosciences et de l’évidence based. Mais cela ne suffisait pas, les enseignantes et enseignants gardant comme boussole les programmes. Alors Attal a trouvé la solution : faire entrer les guides et la préparation aux évaluations nationales dans les programmes.

C’est chose faite avec les projets de programmes de français et de mathématiques des cycles 1 et 2 qui sont à 180° des programmes de 2015 et 2016 qui intégraient les grands principes didactiques et les attendus de fins de cycles. Eux, ils avaient été construit en sollicitant une large frange de la recherche dans ses différents champs et avaient été largement reconnus par les PE. A l’inverse, les projets de programmes en partie erronés sur le plan scientifique, inadaptés au développement de l’enfant, rompent avec les consensus en sciences de l’éducation, instaurent des repères annuels voir périodiques, des consignes incessantes aux enseignant·es mettant sous tutelle les postures et les pratiques, transformant la maternelle en antichambre du CP en niant totalement son rôle pour le « devenir élève », réduisant l’apprentissage du français et des mathématiques à des enseignements technicistes et automatiques scindés les uns des autres qui ne peuvent faire sens. Ajoutez à cela des faussetés sur le plan linguistique et didactique et vous avez là des projets inscrits entièrement dans la politique inégalitaire et réactionnaire portée par le gouvernement. Et c’est l’école du tri sociale qui s’organise puisque ce seront les élèves les plus en difficulté donc celleux issu·es des classes populaires qui en pâtiront le plus. Corsetés par ces programmes, la liberté pédagogique est enterrée puisque selon le code de l’éducation, la liberté pédagogique s’exerce justement dans le cadre des programmes. C’est pourquoi, dans la suite de la réussite du dernier webinaire, nous devons donner à voir à nos collègues mais aussi aux parents que ces futurs programmes sont une nouvelle pierre apportée au choc des savoirs.

Lettre ouverte intersyndicale et / ou avec l’ensemble des chercheur·euses qui s’insurgent, décryptage des liens entre programmes et évaluations, c’est en multipliant nos prises de positions publiques que nous parviendrons à faire entendre qu’il serait délétère pour la scolarité et l’orientation des élèves des classes populaires de subir et les évaluations nationales généralisées et ces nouveaux programmes. Pour que le rapport de force soit favorable en particulier à une consigne de non passation des évaluations nationales, il est de notre responsabilité de faire feu de tout bois pour augmenter la conflictualité dans les 2 mois à venir. Des consignes claires de non passation des évaluations nationales, je l’ai dit, mais aussi de refus d’enseigner les programmes de 2024 mais d’enseigner ceux de 2015 et 2016 que nous défendons, ces consignes doivent être mises dans le paysage afin que chacune et chacun puissent se les approprier et s’engager dans la résistance pédagogique et que progressivement, par le nombre, les personnels se sentent assez fortes pour s’opposer par des actes au Choc des savoirs.

La généralisation des évaluations standardisées à la rentrée prochaine est une occasion pour le mouvement syndical d’enrayer l’engrenage d’une politique scolaire hostile au service public et aux valeurs de démocratisation de la réussite scolaire.