Condamnation d’un responsable syndical à de la prison avec sursis pour un tract, interdiction de conférences et répression étudiante, sanctions contre des humoristes sur le service public, convocation de militant·es et d’une présidente de groupe parlementaire… voilà le niveau inédit de la répression politique actuelle.
Si une répression particulière s’organise depuis le 07 octobre, c’est aussi, d’après la CGT, la répression de 1000 militantes et militants syndicaux, depuis le mouvement des retraites. Sans oublier les Gilets Jaunes, les jeunes des quartiers, les menaces de Darmanin sur la LDH, Saint Soline et les prétendu·es éco-terroristes…
Depuis 2015 un arsenal juridique pour lutter contre le terrorisme s’est mis en place. Détourné, il détruit les mécanismes traditionnels de l’État de droit.
L’exécutif n’hésite pas non plus à détourner la police de ses missions : le RAID pour une banderole sur une place à Bordeaux, brigades antiterroristes pour interpeller activistes écologistes et syndicalistes.
Enfin la pratique judiciaire dévoie abusivement les notions de trouble à l’ordre public mais aussi d’apologie du terrorisme, alors que les propos tenus par les convoqué·es sont les mêmes que ceux de l’ONU. Cela amène le Syndicat de la Magistrature à parler d’illégalité d’État.
La dissolution du Collectif contre l’Islamophobie, n’avait pas provoqué les réactions de défense que nous appelions de nos vœux. Pourtant dissoudre cette association qui lutte contre les discriminations était un test, une fenêtre d’Overton, à l’image des violences policières, elles aussi d’abord testées sur de prétendues marges.
Devant l’absence de solidarité minimale tout est devenu possible : Ce sont aujourd’hui toutes les voix divergentes qui sont criminalisées et réprimées.
L’historien Pierre Serna écrit ceci : « La vie politique française (…) n’est pas bloquée par une lutte handicapante entre droite et gauche, mais par un poison : celui d’un extrême centre, flexible, prétendu modéré mais implacable qui vide de sa substance démocratique la République en la faisant irrémédiablement basculer vers la république autoritaire. »
Il a raison. La démocratie, c’est organiser le dissensus en pouvoir et contre pouvoir.
Le Macronisme n’organise rien : il tranche. Il décide ce qui est bien et mal, instaurant une quasi police de la pensée avec un «tribunal» médiatique aux mains des réactionnaires ou sous contrôle comme à France Inter. Tentant ainsi de faire taire l’ensemble des voix discordantes et utilisant tous les moyens à sa disposition.
Face à ce poison, c’est au camp démocratique de se lever.
Aucun calcul boutiquier ou électoral, aucun désaccord politique -même de fond- ne saurait justifier le moindre manque de solidarité et d’engagements pour les libertés dans la période.
Et la FSU comme la FSU- SNUipp doivent œuvrer à ce que cette solidarité s’exprime, à faire que, face à l’ampleur de la menace, personne ne manque à la table pour de mauvaises raisons. Celleux qui divisent les initiatives, et se faisant participent à un laisser faire face à l’exécutif, portent une responsabilité lourde : celle de permettre une pratique autoritaire telle que l’extrême-droite devient totalement normalisée.
Portons haut pour notre part, le U de Unitaire, à la hauteur des enjeux : nous pouvons nous aussi être une voix discordante et appeler à ne pas obéir.