Le constat est sans appel : l’inclusion imposée sans moyens adéquats est vécue comme la première source de mal-être au travail chez les PE et les AESH. C’est écrit dans les fiches RSST, répété en RIS, stages et dans les échanges avec les collègues dans les sections. Et pourtant enseignant·es comme AESH aimeraient une inclusion répondant au projet d’une démocratisation scolaire que nous portons. Oui, mais aujourd’hui…
Cette situation entraîne un état d’épuisement, des tensions dans les équipes, un sentiment de travail mal fait et participe à l’empêchement de penser le métier et à une reprise en main collective et vigoureuse. Les maux, nous les connaissons : absence de moyens, de formations initiale et continue, manque de places en ESMS, surcharge des effectifs en ULIS, disparition des RASED et transformation en pôles ressources, manque de temps de concertation, outils injonctifs des circonscriptions qui répondent rarement aux besoins des écoles, précarité maintenue pour les AESH en plus d’une mutualisation-optimisation digne de Taylor dans le plus grand mépris, aussi, des besoins des élèves… Les attaques récurrentes contre l’adaptation scolaire, l’inclusion sans moyens sont des éléments de démantèlement du service public d’éducation. Ceci est le constat d’un acte 1 de l’école inclusive.
Et nous passerions à l’acte 2 sans retour sur l’acte 1, sans concertation avec les syndicats, les associations de parents d’enfants en situation de handicap, les collectivités territoriales?
E Macron en l’annonçant en mars a fait montre de son autoritarisme habituel sans tenir compte des réalités multiples du terrain, des conditions d’enseignement toujours plus dégradées, de la souffrance des personnels. Il fait du handicap le champ privilégié de l’inclusion, ce que nous devons déconstruire systématiquement car elle concerne aussi d’autres types de difficultés (élèves allophones, enfants du voyage, certain.es élèves avec HPI ou autres difficultés …)
L’acte 2 de l’école inclusive viendra accentuer ce phénomène avec des difficultés d’apprentissage négligées au profit de reconnaissances de handicap, et, dans la logique du choc des savoirs, une externalisation accrue des aides apportées. Le renvoi à temps plein dans l’ordinaire sera quasi généralisé avec des accompagnements restreints par un système dont la référence sera les moyens alloués et non la réponse aux besoins remontés.
Depuis plusieurs années la FSU-SNUipp alerte sur les attaques à bas bruit mais en continu des enseignements spécialisé et adapté. Depuis plusieurs mois, elle accélère ses initiatives : plateforme j’Alerte, enquête psy EN, enquête ULIS, Etats Généraux de l’enseignement adapté partout en France avec Paris ce 14 mars, …
La phase d’information est terminée, les personnels ont témoigné, ont dénoncé. Il est important qu’un cahier de doléances soit rédigé à l’issue des états généraux et porté à la connaissance de tou·tes les collègues.
Tout cela doit déboucher sur une prise de position concrète face à l’acte 2. En l’état et au regard des remontées de terrain, la FSU-SNUipp doit demander son abandon immédiat et l’ouverture de négociations sur l’inclusion mais aussi la prévention et l’adaptation.
Il y a urgence à demander une audience à la nouvelle ministre sur cette question, sur l’ASH en général.Il y a urgence à mener une campagne fédérale voire unitaire sur les moyens nécessaires pour une inclusion apaisée et ambitieuse. La journée du 19 mars doit être aussi l’occasion de parler des problématiques liées à l’inclusion et du désengagement de l’état. La question de mobilisations aux formes diverses, y compris d’une grève spécifique des personnels et des parents d’élèves pour porter nos mandats concernant l’inclusion, l’adaptation scolaire se pose.