Dans un contexte de propos guerriers récurrents du Président et de mise en place forcée du SNU, le « choc des savoirs » participe à cette mise au pas généralisée, par une standardisation profonde de l’école. De ses élèves comme de ses enseignant.es.
Ainsi, la lettre d’intention de révision des programmes de cycle 1 et 2 indique qu’ils seront introduits en donnant « la régularité et la cadence de certains apprentissages » et que les repères d’acquisitions seront même « infra annuels ». En parallèle, le redoublement sera facilité pour celles et ceux qui ne suivraient pas ce parcours type, réglé, presque minuté des enseignements.
Les élèves seront enjoints à suivre un rythme d’apprentissage standard, avec des références à des pratiques modélisantes.
La différence des rythmes d’acquisition renvoie désormais à une difficulté considérée comme un échec, un trouble ou un handicap.
Placés dans un contexte évaluatif permanent, en concurrence implicite et sous la menace du stéréotype, les enfants subiront un système renforçant les normes de réussite scolaire, or ce sont bien elles qui produisent l’échec scolaire. Et on se garde de parler des conséquences psychologiques …
De plus les « attendus de fin de cycles » seront « conformes aux items des évaluations nationales de début de CP et de début de CM1 ». Avec une double conséquence :
- Des savoirs de bas niveaux centrés sur la restitution, des mécanismes à appliquer, renvoyant la dimension culturelle des savoirs et des pans entiers de ces derniers aux familles.
- De même, les pratiques pédagogiques seront uniformisées, fondées sur le dogme des « données probantes », en référence à un unique courant de recherche. Les PE, de plus en plus subordonné.es à appliquer des consignes, subiront un guidage serré par ces nouveaux programmes, mais aussi par la labellisation des manuels et un conditionnement insidieux…
Un mécanisme de profonde transformation du métier, obsédé par l’efficacité et « la culture du résultat ».
C’est dans cette modélisation généralisée, une cohérence entre les attendus pour les élèves et l’encadrement des profs, que s’inscrit l’uniforme.
Il n’est pas une distraction, il est le symbole de cette volonté d’uniformiser, niant les individuations, sans jamais traiter les inégalités.
La tenue unique contre le collègue unique et ses ambitions d’une démocratisation scolaire.
Cette idéologie, surfe sur le mythe tronqué d’une école d’antan et de sa rigueur, entretenant la confusion entre autoritarisme et cohésion sociale.
Les valeurs de la République deviennent une caution médiatique et l’inclusion une injonction paradoxale isolée, plutôt qu’un projet d’école.
Les nouveaux programmes d’EMC confirment une policialisation de l’école: « Chaque enfant apprend ainsi à se comporter comme un élève ».
Le choc des savoirs est un paradoxe aigu avec les valeurs prônées et une remise en cause profonde de l’apprendre ensemble. Dans un système où l’hétérogénéité devient un frein contre l’avancée fluide de certain.es.
C’est la construction systémique de l’entre soi avec un mépris assumé des classes populaires et une attaque contre la promesse d’une transformation sociale.
Les départements actuellement mobilisés, tel le 93 et d’autres, ont bien compris la violence de ce bouleversement et l’urgence d’y résister.
Il s’agit maintenant de propager leurs formes d’actions pour essaimer et de prolonger ce travail de terrain pour un « choc des consciences » dans le premier degré.
Nous avons en appui le collectif Riposte à populariser ou l’appel à l’abandon des évaluations de l’intersyndicale éduc complète à porter massivement.
Pour refuser fermement ce projet d’une école de l’ordre inégalitaire établi, il nous faudra aussi inventer et annoncer dès à présent des rebonds forts au 19 mars.
L’heure de la bataille culturelle a sonné !