Il y a des urgences qui nécessitent de nous un engagement sans faille, imposent une droiture, une prise de position nette, tranchée. Parce que la gravité de la situation l’exige. Parce qu’il faut être sûr·e d’avoir fait ce qu’il fallait au bon moment.
C’est cette responsabilité qui nous a amené·es à appeler à voter pour le programme du Nouveau Front populaire. Pour contrer la menace fasciste, qui une fois de plus se trouvait aux portes du pouvoir. Pour porter une alternative pour une autre société. Espoir permis par une coalition à gauche, rassemblée autour d’un programme commun et répondant à l’appel des manifestant·es qui avaient investi la rue et les places publiques. L’engagement du syndicalisme de lutte et de transformation sociale est inédit, il va au-delà de la seule consigne de faire obstacle à l’extrême-droite dans les urnes. L’école émancipée a beaucoup contribué à cette orientation au sein des différents syndicats nationaux et de la FSU et à leur engagement dans ces élections législatives. Engagés en toute indépendance et en toute conscience.
Mais de cet épisode, l’histoire retiendra qu’un Président, rejeté par les urnes, a refusé d’admettre sa défaite en enfonçant le pays dans une sévère crise démocratique. Rejetée la nomination de la candidate du NFP, pourtant arrivée en tête… Diabolisée la gauche, accusée de ne pas donner suffisamment de gages de stabilité institutionnelle… Retardée la nomination d’un·e Premier·e ministre pour garder la main sur les « affaires courantes »…
De cette séquence, l’extrême droite sort renforcée. Macron lui a donné le rôle privilégié d’arbitre pour nommer Barnier, le RN acceptant de ne pas censurer un Premier ministre issu des Républicains, plus proche de sa ligne politique. Sans aucun scrupule ni état d’âme, Macron s’autorise même l’union des droites pour poursuivre sa politique. C’est donc encore l’extrême droite, toujours en embuscade, qui bénéficie de son libéralisme autoritaire et autocratique. Et le vocabulaire employé par Macron et Barnier laisse présager le type de leur alliance, tous deux évoquant une coexistence exigeante au lieu d’une cohabitation conflictuelle.
à nous aujourd’hui de fédérer les colères et de lutter contre la résignation en organisant des cadres de mobilisation et de résistance. Nous nous sommes engagé·es pour un programme de rupture qui portait une autre répartition des richesses pour plus de justice sociale et écologique. Mais cet engagement du début de l’été vaut-il une seule fois pour toutes ? Il doit bien évidemment continuer, nous ne pouvons pas nous arrêter au milieu du gué et laisser les politiques s’atteler seul·es à la construction d’une alternative. Il est de notre responsabilité syndicale de participer, de l’alimenter de nos revendications et de nous engager au sein d’actions collectives locales, nationales, comme pour la journée de grèves et de manifestations du 1^er^ octobre, pour rassembler plus largement et peser ainsi pour une transformation sociale. Parce que nous faisons société et que nous en sommes aussi les actrices et les acteurs.
Blandine Turki