Le 9 juin a constitué un séisme politique majeur. Si les résultats aux européennes plaçant largement en tête l’extrême-droite étaient anticipés par les sondages, la dissolution de l’Assemblée nationale était, elle, moins prévisible. Cette décision prise par Macron seul, liée au poids de l’extrême droite, a précipité le pays dans une crise politique profonde. Elle fait courir un risque majeur à la démocratie et aux citoyen·nes en ouvrant les portes du pouvoir à l’extrême-droite dans moins de 10 jours maintenant.
Macron et son gouvernement portent une responsabilité majeure dans la situation. En multipliant les attaques contre les droits sociaux, contre les services publics, en passant en force un certain nombre de réformes impopulaires et injustes comme celle sur les retraites, en manifestant un profond mépris face aux aspirations populaires, en réprimant férocement les mouvements sociaux, en alimentant les divisions à l’intérieur de la société, le libéralisme autoritaire a nourri la bête immonde de ses échecs. Le péril fasciste qui est de plus en plus palpable risque de se concrétiser plus vite que prévu.
Nous nous sommes attachés dans la revue de l’école émancipée à dénoncer les offensives de l’extrême-droite, ainsi que les risques liés aux dérives autoritaires de nos gouvernant·es. Nous savions que le péril était proche, mais pas aussi imminent ! Depuis l’annonce de la dissolution le 9 juin, nous n’avons jamais été aussi près d’une prise du pouvoir par le camp réactionnaire, raciste et illibéral.
Face au risque d’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir, notre responsabilité est grande et la tâche devant nous importante. Dans un premier temps, nous devons réussir à mobiliser très largement dans les manifestations contre l’extrême-droite et pour le progrès social, faire des appels à l’unité et à manifester contre l’extrême-droite le premier rempart pour l’empêcher d’accéder au pouvoir. Mais nous devons aussi pousser à ce que le programme de rupture du NFP prenne en compte un maximum de nos revendications et appeler à voter pour leurs candidat·es pour battre en brèche les politiques libérales à l’œuvre qui font le lit de l’extrême-droite.
La constitution d’un Nouveau Front Populaire à gauche incarne effectivement un espoir pour notre camp social. Cette promesse doit se concrétiser sur la base d’un programme qui prenne en compte les aspirations populaires : retour à la retraite à 60 ans, alignement des salaires sur l’inflation, retour à une indemnisation décente des périodes de chômage, défense des services publics, en premier lieu la santé et l’éducation, défense des droits et des libertés. Car d’autres choix sont possibles, à la hauteur de notre engagement pour le service public. Solidarité, liberté, tolérance, égale dignité des personnes et esprit de justice nous guident au quotidien dans nos métiers afin d’œuvrer activement à l’émancipation de chacun·e.
La gauche réunie atteint près du tiers des résultats du dernier scrutin, ce qui est loin d’être une défaite au regard du score du RN de Bardella. Nous ne devons pas nous laisser voler le récit médiatique, instrumentalisé par les intérêts des macronistes et de Bolloré, qui avec le patronat, préféreront toujours le choix du pire, « plutôt Hitler que le Front populaire ». Et en quelques jours, des accords électoraux et programmatiques ont finalement été possibles, qui sans être exhaustif, reprend des revendications portées par le mouvement social ces dernières années.
Construire ce front commun ne veut pas dire être d’accord sur tout. Des divergences de fond existaient au sein des partis du Front populaire en 1936. Mais cela veut dire créer la possibilité impérieuse d’une opposition résolue face aux compromis immondes du libéralisme autoritaire et du fascisme du camp adverse.
Nous pouvons faire d’une victoire de la gauche un tremplin vers une situation sociale qui débouche, comme en 1936, sur la création de nouveaux droits et de nouveaux progrès dans le champs politique et social. Nos revendications, et a fortiori les luttes et mobilisations en cours, devront être les boussoles et les aiguillons pour imposer la mise en œuvre des revendications populaires.
Tout de suite après le 7 juillet, et quoi qu’il arrive, le troisième tour social débutera et nous y prendrons toute notre place pour imposer nos revendications et construire une alternative sociale, solidaire, antiraciste, féministe et écologique. La gravité des enjeux nous oblige.