Pour la deuxième année consécutive, Lille remporte le prix de la ville de France où il fait bon vivre avec son chien, mais pas celui de l’accueil des mineur·es isolé·es étrangèr·es (MIE). En effet, plus de 140 d’entre elles et eux, abandonné·es par toutes les institutions, sont en recours à Lille. Utopia 56 lutte à leurs côtés et appelle à se mobiliser pour aider ces jeunes.
Depuis le 15 avril 2024, 82 jeunes, mis à l’abri pendant l’hiver, se sont retrouvé·es à la rue car les paroisses qui les accueillaient (convention avec Utopia 56) ont fermé leurs portes après avoir compensé pendant plusieurs mois l’obligation d’accueil de l’État et du département du Nord.
En théorie, ces migrant·es mineur·es bénéficient des mêmes droits que les enfants français·es au titre de la Convention internationale des droits de l’enfant. Mais le département leur refuse.
La raison ? La préfecture pratique des examens d’âge osseux (qui ne sont pas fiables) pour pouvoir mieux expulser les sans-papiers majeur·es. Tou·tes affirment pourtant être mineur·es et le département, via l’aide sociale à l’enfance (ASE), a une obligation de protection, d’hébergement, de santé et de scolarisation. Après recours, 80 % sont reconnu·es mineur·es, mais cette procédure prend de 6 à 15 mois. Des mois durant lesquels les MIE se retrouvent à la rue, se logent comme iels peuvent. Il est donc primordial que le recours soit suspensif et que le conseil départemental du Nord place ces mineur·es sous protection pendant toute la durée de la procédure, comme le recommande vivement l’ONU…
C’est ainsi que des dizaines de jeunes mineur·es ont donc organisé un camp sur la Plaine des vachers à Lille — Bois Blancs, sans électricité et sans eau, que des paroissien·nes ont pris le relais de leur paroisse et que des hébergeur·ses solidaires proposent des chambres… dans le silence abject des institutions et font vivre au quotidien, par leur solidarité, sororité et fraternité… une autre réalité.
Les responsables institutionnel·les actuel·les doivent s’engager pour que soient respectées et appliquées toutes les revendications de la tribune unitaire du 17 mai 2022 demandant notamment que « la présomption de minorité soit inscrite explicitement dans la loi ».
Matthieu Vuattier Dujardin