À propos du protocole de partenariat FSU — SNUIPN

Le Conseil fédéral national (CDFN) de la FSU a validé le protocole FSU-SNUIPN à une large majorité. Cependant, ce rapprochement ne va pas sans questions, notamment sur le fonctionnement fédéral. Point sur un débat en cours.

Le CDFN de la FSU, début avril 2024, a adopté un protocole de partenariat entre la FSU et le Syndicat national unitaire de l’intérieur et de la police nationale (SNUIPN), créé en 2023 par d’ancien.nes adhérent.es de la branche Intérieur du Snuitam-FSU (voir revue n° 104). Ce protocole est issu d’un gros travail mené au sein de la direction pluraliste de la FSU pour arriver à une synthèse constructive. En particulier, ce protocole pose que « l’usage du sigle de la FSU dans les communiqués du SNUIPN est soumis à l’avis du secrétaire général de la FSU qui consulte le secrétariat national ». Par ailleurs, « le SNUIPN devra intervenir en veillant à la conformité de son expression avec les mandats généraux de la fédération, y compris ceux sur les questions de société posées par les politiques publiques et les pratiques de police qui en découlent. Sur les questions d’ordre général concernant les libertés publiques et les pratiques policières, les mandats du SNUIPN pourront être portés au débat par lui, mais ne sauraient limiter ou contraindre la façon dont le positionnement fédéral se construira et sera défendu publiquement. » D’autres dispositions du protocole concernent l’aide qu’apporte la FSU au fonctionnement du SNUIPN.

Dans son ensemble, la délégation de l’ÉÉ a salué le résultat de cette synthèse, en mesurant bien les efforts consentis de part et d’autre pour arriver à ce résultat. Celui-ci prouve que la culture de la synthèse est un élément essentiel au quotidien dans le fonctionnement fédéral, permettant de surmonter des désaccords qui, sinon, pourraient s’avérer délétères pour la FSU.

Pour l’ÉÉ, la présence éventuelle d’un syndicat national de la police, en tant que tel, dans la FSU, est très différente de la syndicalisation de policières et policiers dans un syndicat comportant d’autres catégories d’agents publics, avec lesquels doivent se discuter les expressions sur le sujet éminemment sensible de la police. Car le mouvement social est de plus en plus confronté aux politiques de « maintien de l’ordre » particulièrement brutales, aux violences policières et au racisme systémique. Ces dernières années nous l’ont bien prouvé et les années à venir ne s’annoncent pas sous de meilleurs auspices.

Rester vigilant·es

Or, les règles implicites de fonctionnement de la FSU font que les syndicats nationaux (SN) sont de fait souverains dans les expressions sur le champ qui les concerne. Ce n’est donc pas une évidence d’envisager qu’un syndicat national de policier.es puisse trouver harmonieusement sa place un jour dans ce fonctionnement.

Par ailleurs, la question posée par l’entrée éventuelle d’un tel SN est aussi celle de l’attitude à adopter en cas de crise majeure avec celui-ci. La FSU n’a rien prévu dans ses statuts pour gérer de tels conflits, ce qui est un problème en soi.

C’est pourquoi, bien que majoritairement favorables — au sens fédéral du terme (plus de 70 %) —, les votes de la délégation ÉÉ sur ce protocole ont été divers, reflétant les fortes inquiétudes persistant dans la tendance. L’ÉÉ sera extrêmement vigilante sur l’application de l’ensemble des éléments du protocole, ainsi que sur les positionnements et l’évolution de ce syndicat, comme sur les expressions fédérales concernant la répression du mouvement social.

Claire Bornais, Laurent Cadreils, Arnaud Malaisé, Émilie Moreau