Cela fait maintenant plusieurs années que nous alertons, au sein de la FSU, avec nos collègues et aux côtés de l’ensemble des militant·es de gauche, sur la dérive autoritaire de nos gouvernant·es. Depuis quelques semaines, plusieurs signaux confirment que l’autoritarisme en France n’est plus une tentation, mais bien une pratique.
Un nouveau maccarthysme « à la française » se met en place, qui cherche à empêcher toute expression sur Gaza et se traduit par des convocations devant la justice de militant·es, des interdictions de réunions publiques, des condamnations devant les tribunaux. Les responsables syndicaux sont désormais ciblé·es, comme le montre la condamnation du secrétaire départemental de la CGT 59 pour « apologie du terrorisme », ce qui témoigne d’une volonté de faire peur aux militant·es et d’empêcher les actions.
Les mobilisations étudiantes en défense des droits des Palestinien·nes sont discréditées et les campus occupés évacués par la police. Toute forme d’expression de soutien au peuple palestinien, toute interrogation publique sur la guerre menée par le gouvernement israélien, toute demande de cessez-le-feu et d’appel à la mise en place d’une paix juste et durable, toute évocation d’une dimension génocidaire du conflit (dimension pourtant explicitement évoquée par l’ONU) courent le risque d’être criminalisées. Ces expressions sont assimilées à de l’antisémitisme. Les actes antisémites déclarés sont en hausse en France, ce qui augmente les inquiétudes légitimes que peuvent ressentir les personnes juives vivant sur le territoire. Ces actes sont illégaux et doivent être combattus avec force. Mais les soutiens à Gaza ou les critiques du gouvernement Netanyahu ne doivent en aucun cas être assimilés automatiquement à de l’antisémitisme, lorsque rien ne permet de l’affirmer.
Ces accusations, sans fondements, ne sont pas pour autant innocentes : elles contribuent à détourner l’attention de la politique antisociale du gouvernement. Pourtant, celui-ci accélère la mise en place des mesures inégalitaires. C’est le cas de la nouvelle réforme de l’assurance-chômage annoncée, qui va priver de nouvelles et nouveaux chômeur·euses du droit aux allocations. C’est le cas des mesures autoritaires et répressives annoncées contre les jeunes, pour prétendument lutter contre leur « addiction à la violence ». C’est également le cas des mesures du Choc des savoirs qui rompent avec l’objectif de démocratisation scolaire, qui était visé depuis près de 80 ans.
La répression franchit donc un nouveau cap, bien qu’elle s’inscrive aussi dans la suite des mesures répressives que le pays a connues depuis les Gilets jaunes. Elle vise à fragiliser les résistances, qui s’étaient en partie reconstituées depuis les mobilisations Retraites du printemps 2023.
La gravité des attaques nous oblige : le rassemblement et la recomposition des forces démocratiques de gauche est nécessaire. Pour le mouvement syndical, cela passe notamment par l’accélération de la création d’un nouvel outil syndical CGT-FSU-Solidaires, capable d’organiser les mouvements sociaux d’ampleur qui s’imposent d’urgence.
Mary David