Y a-t-il vraiment 3 pieds dans notre trépied ?…

Intervention de Bénédicte Viguier dans le débat général au titre de la SD 60 à l’ouverture du congrès FSU de Clermont-Ferrand.


Le fonctionnement de notre fédération repose sur un trépied :
• les syndicats nationaux,
• les tendances,
• les sections départementales (…).

Nos statuts précisent bien quel est le rôle des SD dans le fonctionnement de la fédération :
Les Sections Départementales (…) impulsent la participation des adhérents à la vie et à l’orientation de la Fédération en développant le débat, l’initiative et l’action au plus près du lieu de travail des personnels.

Elles impulsent…

Mais l’équilibre est fragile… Et du fin fond de nos SD, on a parfois l’impression que dans le trépied, il y a des pieds qui comptent plus que d’autres.

– Il y a bien les journées des SD, 2 fois par an nous avons l’occasion d’échanger… Mais pour ce qui est de la mise en application de ces échanges, le tempo est assez variable… Ca fonctionne parfois mieux dans un sens que dans l’autre : la mise en application de ce que demandent les SD peut parfois traîner…

– Et que faire dans les SD du matériel de comm’ fourni par le national ? Combien de 4 pages à destination des militants pour combien de tracts à destination des adhérents et des collègues ? C’est pourtant sur un vote de nos collègues sur sigle FSU que notre représentativité est évaluée !
Du matériel, envoyé systématiquement en pdf, ce qui nous empêche d’y ajouter des enjeux locaux, les points de rendez-vous des AG, des manifs. Alors on bricole, on refait tout chacun dans notre SD. Quelle perte de temps ! Quel manque de confiance aussi…

– Et puis il y a le national qui soutient… qui est pour… mais qui n’appelle pas à…
La FSU s’est montrée trop frileuse, trop souvent à la recherche d’un entre-deux. Combien de mouvements sociaux au cours des 4 dernières années où la FSU a soutenu une grève sans y appeler, sans déposer de préavis ? Alors que dans le même temps une majorité de SD, sur le terrain, dans les territoires, au contact des collègues, des adhérents mais aussi des autres Organisations syndicales ont appelé à la grève, ont déposé chacune un préavis, ont rédigé chacune un tract faute de positionnement national clair. Là encore quelle perte de temps ! Mais aussi quelle perte de lisibilité de nos positionnements vis à vis de nos collègues comme vis à vis de nos partenaires syndicaux !

– Et que penser de la place accordée par notre fédération aux SD pour les mobilisations ? Qui est à même de ressentir ce qui se passe dans les territoires, où en sont les collègues face à une nouvelle réforme, une nouvelle attaque libérale ?
Apparemment pas les SD… Les enquêtes FSU en amont des grèves pour penser l’action, l’organiser ne sont pas adressées aux SD… Ce fut le cas notamment pour construire la mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Les SD ne reçoivent d’enquêtes du national qu’à posteriori… Combien de manifs, d’AG dans votre département ? Combien de manifestants ? Quelle proportion de FSU ?

Face au projet de réforme des retraites, encore, la FSU nationalement n’a pas su exprimer un positionnement clair : ce n’est que le 6 qu’elle a déposé un préavis de grève national couvrant tout le mois de décembre ! Ce que beaucoup de SD avaient déjà fait, chacune de leur côté, pour couvrir tous les agents qui souhaiteraient reconduire la grève…
Et de nouveau… La FSU n’annoncerait la journée de grève et de manifestation de jeudi 12 que mercredi 11, bien loin des considérations de terrain. Pourtant, une large part de nos adhérents, les PE, doit déclarer l’intention d’être gréviste 48 heures à l’avance !

Ce n’est plus possible.
Pour faire face aux offensives libérales qui se succèdent, nous avons besoin de porter partout (dans tous les territoires, dans tous les départements) nos mandats et réciproquement nous avons besoin de tous les territoires, de tous les départements pour construire nos mandats, construire les mobilisations.
Nous avons besoin d’une FSU démocratique et pluraliste qui donne toute leur place aux tendances, en articulation avec les Syndicats Nationaux, mais aussi aux Sections Départementales.
Prenons bien garde à préserver l’équilibre de notre trépied, pour ne pas basculer, et choir (c’est ma chute).