Planvengut per ça nostre.
Au nom de la section départementale, de l’ensemble des camarades du département, de l’académie et de la région qui sont mobilisé-es pour l’organisation de ce 10ème congrès du SNUipp-FSU, je vous souhaite la bienvenue en Aveyron.
En préambule, nous souhaitons vous dire que la section du 12 n’est quand même pas peu fière d’avoir réussir à faire participer autant de camarades de l’Aveyron à un congrès national sans avoir à débourser un centime , convaincue par ailleurs que ça va, grâce à vous tou-tes lui rapporter de l’argent…Le plus heureux d’entre nous étant Antoine, notre trésorier, seul homme de la section, qui au passage, va enfin pouvoir avoir plein de copains.
Vous l’avez compris les aveyronnais et les aveyronnaises sont près de leurs sous, c’est pour cela que de tout temps, ils ont investis dans la pierre. Ce qui explique sans doute que c’est dans notre département qu’il y a la plus grande concentration de mégalithes d’Europe, bien plus qu’en Bretagne, donc.
Parmi ces mégalithes, les statues menhirs, femmes et hommes figé-es dans la pierre, qui, non pas depuis le 31 mars mais depuis la nuit des temps passent leurs nuits debout, comme quoi les aveyronnais savent précurseurs dans beaucoup de domaines…
Il y a parfois dans la vie des questions existentielles. Sur la route qui vous menait à Rodez, avec la surenchère de difficultés que certain-es d’entre vous ont rencontré, vous avez du vous en poser au moins une avec force : « comment suis-je arrivé-e ici ? ».
La première question en appelle une autre : « pourquoi un congrès à Rodez ? ».
Il y a des raisons inhérentes à notre section : une petite section récemment majoritaire qui a le goût du défi et l’énergie d’en découdre chevillée au corps. Ici, à l’impossible, nous sommes tenu-es !
Cap d’être majos, cap de faire monter notre niveau de syndicalisation de 70 % en 6 ans, cap de convaincre tous les niveaux de notre organisation de tenir ce congrès dans notre bout de campagne.
En voilà donc une autre raison : la ruralité. Il nous a semblé faire sens de vous réunir ici pour donner corps à notre réalité de terrain, celle de l’aménagement du territoire qui conduit à la désertification rurale, celle de l’éloignement et de la concentration des services publics, celle du dualisme scolaire, celle de la France non pas d’en bas mais d’en loin… et plus en plus loin.
Notre département, comme d’autres, est une terre de lutte et de revendication. À toutes les époques, des femmes et des hommes se sont élevés contre les injustices.
Jean Petit, en 1643, que vous chantez tous et toutes dans vos écoles, roué en place publique de Villefranche-de-Rouergue, victime de la répression féodalo-cléricale lors de la révolte des croquants.
Emile Pouget, né en 1860 à Rodez, fondateur du Père Peinard et secrétaire général adjoint de la CGT.
Les femmes, usées par la misère, de mineurs de Decazeville, Aubin, Firmi, qui ont défenestré, en ayant au préalable pris la peine de le découiller, le sous-directeur Watrin, à l’occasion d’un conflit qui prendra une ampleur nationale en 1886.
Ou encore les gantier-es de Millau qui de grèves en grèves obtiennent les congés payés, douze ans avant le Front Populaire.
Mais aussi les mineurs de Decazeville en 1961, les paysans et les altermondialistes du Larzac, les démonteurs de Macdo, et tant d’autres qui ont refusés de se voir sacrifié-es sur l’autel de la concurrence et de la rentabilité.
La préparation de ce congrès a été, et le congrès le sera aussi, rythmée par les nombreuses mobilisations unitaires contre la loi travail et c’est aussi en tant filles et fils de tous ces militants et militantes aveyronnais que nous prenons toute notre part à cette période, convaincu-es que notre syndicalisme, celui de la lutte et de la transformation sociale pose le fait que les intérêts du patronat et ceux du salariat sont opposés, et que le capitalisme ne peut qu’être remis en cause pour transformer la société.
Nous y sommes aux côtés de nos camarades de la CGT, de FO et de Solidaires. L’unité syndicale est un puissant levier d’action mais aussi un rempart contre l’ensemble des mesures répressives et sécuritaires qui visent à bâillonner le mouvement syndical et avec lui l’ensemble du mouvement social. Les syndicalistes ne sont ni des voyous ni des criminels ni des preneurs d’otage: ils ne font que s’opposer par des voies démocratiques aux mesures de régressions sociales que le gouvernement veut imposer par la force.
La période peut paraître complexe, les perspectives compliqué-es, mais nous en sortirons gagnant-es et galvanisé-es et nous continuerons à être sur tous les fronts pour imposer le partage des richesses et limiter la puissance patronale avec toutes et celles et ceux qui, quel que soit le gouvernement en place, ont les mêmes orientations que nous.
Avec celles et ceux qui font le constat que cela fait bien longtemps que notre gouvernement a abandonné toute volonté de mener une politique de gauche, au service du peuple.
Un gouvernement qui au contraire, en pleine conscience, fait le choix délibéré de l’austérité et de ses dramatiques conséquences, dégradant encore et encore l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale et bien entendu les services publics.
L’Ecole et ses personnels n’échappent pas à la règle. Et ce ne sont pas les récentes annonces manœuvrières et électoralistes sur nos salaires et carrières qui changeront la donne.
Nous devons convaincre que la politique scolaire du gouvernement s’articule avec l’ensemble des logiques d’austérité et que la priorité annoncée à l’éducation est une priorité médiatique.
Nous sommes et continuerons à être porteurs d’une idée de l’Ecole au service des élèves qui doit offrir à chacun et à chacune la voie de son émancipation individuelle et de l’émancipation collective. Une Ecole qui répond aux enjeux de réussite de toutes et de tous. Une Ecole qui jamais ne servira les intérêts du patronat et du capital.
Temps de travail, rythmes scolaires, salaires, statuts, inclusion, éducation prioritaire, école rurale, formation, RASED… ; c’est au SNUipp-FSU de se poser en maitre d’œuvre du grand chantier de l’Ecole comme il l’a toujours fait, avec sa recette unique, où l’avis de chacun et de chacune est pris en compte, où la synthèse est toujours possible.
Notre force, c’est d’être capables de rassembler largement sur tout le territoire, c’est le nombre croissant de nos syndiqué-es, de nos militantes et de nos militants, c’est la place des sections départementales.
Notre force, c’est d’être capables de nous appuyer sur celles et ceux qui font vivre le syndicat dans tout son pluralisme dans la perspective de la construction de mandats ambitieux et offensifs en cohérence avec notre projet syndical pour l’école et la société.
Notre syndicalisme est porteur d’avenir parce qu’il répond aux aspirations profondes de notre profession.
A l’heure de l’ouverture de ce congrès, il est bien sûr trop tôt pour faire état de ce tout ce qu’il aura apporté à notre section départementale. Mais nous souhaitons déjà souligner l’immense solidarité départementale, académique, régionale, syndicale, fédérale, et aussi générationnelle puisque nous avons parmi nous les camarades qui ont fondé la SD12, qui s’est ralliée autour de notre projet initial. Pour nous, les liens qui se sont construits sont puissants et seront un point d’appui inébranlable pour les combats à venir.
Nous faisons le vœu d’un congrès consciencieux, studieux, revendicatif, unitaire, libre, indépendant, impertinent, idéaliste et nous en sommes convaincu-es à la hauteur des enjeux qui nous attendent. Pour conclure, nous avons choisi une phrase de Brel : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir, et l’envie furieuse de les réaliser ».
Nous vous souhaitons à toutes et à tous un très bon congrès.