4 ans déjà que l’école, ses personnels et ses élèves subissent les orientations d’un gouvernement, et surtout d’un ministre, qui s’entêtent dans les choix qui ont conduit à faire de notre système éducatif l’un des plus inégalitaires des pays de l’OCDE. Le sous-investissement chronique pour l’éducation explique en partie ces résultats. Mais c’est aussi, et cela est particulièrement important sous le ministère JMB, la conséquence de choix nocifs qui enferment les élèves, et particulièrement ceux issus des classes populaires, dans des devenirs scolaires socialement déterminés.
Parmi ces choix on peut citer :
• la multiplication des dispositifs visant à l’individualisation des parcours et des apprentissages, de la maternelle à Parcoursup ;
• l’exclusion d’un certain nombre de savoirs et de compétences de haut niveau au profit d’un resserrement sur les fondamentaux ;
• la normalisation des pratiques enseignantes par la multiplication du prescrit, le contrôle par le biais de la formation, et les évaluations…
Mais, alors que la gravité de la situation aurait dû réorienter les priorités du ministre vers la gestion des conséquences scolaires de la crise sanitaire, celui-ci reste volontairement aveugle à ces aspects et poursuit méthodiquement et comme si de rien n’était le rythme de ses réformes par exemple la réforme de la formation initiale ou encore les attaques sur la maternelle.
Les personnels subissent la loi de transformation de la fonction publique qui a entériné la suppression de la fonction de contrôle des CAP, faisant sauter un verrou de transparence collective. La question des carrières enseignantes, comme celle de la « gouvernance » et de l’organisation du système éducatif, demeure largement en friche.
Dans ce contexte, la formation continue risque d’être utilisée comme un nouvel outil de gestion carrières enseignantes, dans le cadre d’un « management participatif » où les formateurs-trices auraient une place centrale.
Le passage d’un plan horizontal à un plan vertical du fonctionnement de l’école est l’une des obsessions de JM Blanquer. Le cadre collectif des prises de décision entre pair-es au sein du conseil des maitres-ses est insupportable pour ce ministre, qui ne jure que par l’obéissance à ses prescriptions, le contrôle et la dépossession de tout collectif de travail, qui pourrait lui échapper.
Autre terrain d’attaque après de multiples tentatives, et que la mobilisation a permis de faire échouer, le fonctionnement de l’école :
• La proposition de loi « Rilhac » actuellement en discussion constitue l’appui parlementaire de l’idéologie blanquerrienne. Elle vise à confier à la directrice ou au directeur une « délégation de compétences de l’autorité académique » et un rôle « d’encadrement du système éducatif », en la ou le rendant comptable d’objectifs à rendre au DASEN.
• En l’absence de contradicteurs-trices, les conclusions du Grenelle de l’Education sont sans équivoque : « créer un statut de directeur conférant une autorité décisionnelle » pour en faire un-e professionnel-le au « leadership assumé », installé dans une « culture du management » et « formé à la gouvernance ».
Il s’agit pour le ministre d’ajouter à son panel des armes supplémentaires pour augmenter le contrôle sur l’agir enseignant autour de deux axes : la question de la direction d’école, et un nouveau rôle pour la formation.
L’école ne peut pas supporter une année de plus d’un ministre aux orientations libérales et autoritaires. Appeler les personnels à l’action, c’est aussi se prémunir contre ses réformes à venir, qui parachèverait un quinquennat parmi les plus sombres pour l’école.