Lors de la journée d’action interpro du 19 mars, on a vu la Fonction publique commencer à se mobiliser à cette occasion, surtout le milieu enseignant, après des années de désaffection pour ce type de journées. Dans le premier degré, la participation très importante a dépassé les espoirs des syndicats qui y appelaient, et dans le second degré, elle a été plus importante que sur des actions spécifiques récentes.
Quelque chose se passe dans ce milieu qui n’a plus répondu massivement depuis longtemps aux appels à l’action des syndicats et est resté dans son immense majorité au minimum circonspect, voire même vaguement hostile au mouvement des Gilets jaunes (si l’on excepte les militant-es et sympathisant-es de l’EE et de Sud Education qu’on y retrouve). Le mouvement des stylos rouges n’a pas non plus insufflé de dynamique d’action massive, hormis l’activité sur les réseaux sociaux qui a fait beaucoup couler d’encre. Mais, en dehors des projets de loi Blanquer et de réforme de la Fonction publique, peut-être que la mise en lumière de questions éminemment politiques posées par le mouvement des GJ, ainsi que les mouvements pour le climat, résumées par le slogan « Fin du monde, fin du mois, même combat !» ont joué un rôle dans cette montée inattendue de la participation enseignante ?
Il s’agissait en effet d’un mouvement de contestation sociale, auquel appelaient la CGT, FO et Solidaires (mais pas la CFDT et l’UNSA) rejointes après quelques hésitations par la FSU, lancé sur des bases revendicatives larges, mais ciblant clairement la cohérence politique de l’ensemble des réformes en cours. Il faut maintenant espérer que la dynamique s’amplifie et il importe que la FSU propose des actions pour élargir la mobilisation à l’ensemble de l’Education nationale qui compte près de 20 % des effectifs de la fonction publique tous versants confondus, et près de 50 % des effectifs de la FPE.
En effet, l’idéologie qui sous-tend les mesures touchant actuellement l’Education nationale est la même que celle qui guide les autres réformes récentes, en cours ou à venir : assurance-chômage, retraites, etc… Et, ce n’est pas en faisant seulement des mouvements « catégoriels », même massifs et justifiés, contre les réformes dans l’EN ou dans la FP, que le milieu enseignant, ou plus largement celui des fonctionnaires, parviendra à bloquer l’ensemble de ces réformes qui font système ! Seul un mouvement social massif et déterminé aura une chance de stopper le rouleau compresseur ordolibéral « en marche ».
C’est à cette prise de conscience qu’il nous travailler à tous niveaux, en particulier dans la FSU, qui traîne un peu trop souvent les pieds pour s’associer à des actions dont « l’arc d’appelants est trop restreint »(comprenez : sans la CFDT et l’UNSA) pouvant l’amener à esquiver la cohérence politique des différentes mesures, pour ne pas se couper des tenants du syndicalisme d’accompagnement. Face au coup de pub que se sont offert récemment ces organisations avec leur « 66 propositions pour un pacte social et écologique », il nous faut plus que jamais convaincre que verdir le néolibéralisme n’est pas ce qui permettra de faire face aux enjeux climatiques. Changeons le système, pas le climat !
Claire Bornais