- intervention de l’école émancipée faite par Aranud Malaisé au CDFN de la FSU, mai 2024.
L’urgence à refonder le syndicalisme de transformation sociale est réelle, c’est une évidence.
D’autant que cette urgence est renforcée par la défaite sociale sur les retraites, révélatrice, elle, du rapport de force actuel défavorable au salariat, bien que contrebalancée par une démonstration du syndicalisme de sa capacité à mobiliser massivement.
Une urgence pressante également avec la montée électorale de l’extrême-droite, estimée à 40% dans un scrutin européen qui ne lui réussit pourtant guère d’ordinaire et en position d’arriver au pouvoir d’ici trois ans.
La mettre sous l’éteignoir, comme gagner la prochaine grande bataille sociale interpro, nécessite effectivement une refondation de notre syndicalisme, pour le développer et le renforcer en organisant des salarié·es actuellement non syndiqué·es.
Une refondation loin d’être une addition mécanique d’organisations déjà existantes.
Une refondation à mille lieues donc d’un mécano d’appareils dans un processus de fusion-absorption dont personne ne veut et qui occasionnerait forcément des pertes au passage.
Le sens que nous mettons à la FSU dans le concept de « nouvel outil syndical » c’est bien d’enclencher un processus dynamique qui dépasse les cadres existants, qui permette de prendre à bras le corps la question des déserts syndicaux comme celle de l’unité du salariat, celles des mutations du travail, des discriminations, du féminisme, des enjeux environnementaux…
On peut se le dire entre nous, la CGT de son côté n’a pas totalement fait sien cet objectif et semble plutôt envisager une réunification dans la matrice originelle du syndicalisme qu’elle est. Tandis que Solidaires a acté une réserve prudente à son récent congrès et entend mener le débat à l’interne dans un premier temps.
Pour autant, CGT comme Solidaires sont et restent des partenaires indispensables à une refondation.
Il va donc être nécessaire de bousculer tout cela avec une FSU motrice et allante. Il s’agit un peu d’imaginer comment passer de la théorie à la pratique pour construire un nouvel outil syndical. Pas simple…
Mais cela tombe bien, nous avons un congrès à venir et d’ici là l’occasion de réfléchir collectivement aux étapes à franchir pour avancer concrètement en posant des jalons dans un cadre un peu plus clair que le flou qui peut parfois entourer l’objet des discussions actuelles avec la CGT.
Dans l’objectif d’une refondation du syndicalisme, nous pourrions par exemple envisager des possibilités de construire un cadre souple, porté par la CGT et la FSU mais ouvert à d’autres syndicats, à géométrie variable selon les secteurs et les endroits, un cadre permettant des réunions fréquentes d’instances communes et des initiatives concrètes comme des formations ou des campagnes syndicales communes. Tout cela décliné à l’échelon local comme national avec toujours une grande souplesse.
Un cadre qui permettrait également d’attraper la question de listes communes lors des élections pros dans la Fonction publique, un débat qu’il ne nous faudra pas éluder mais au contraire instruire sérieusement.
Bref, profiter de la préparation de notre congrès national pour envisager comment avancer ensemble, quels que soient son secteur professionnel ou ses réalités locales, en menant un large débat infusant l’ensemble des militant·es de la FSU.
Et ainsi faire de notre congrès, encore plus que le précédent, une caisse de résonance et une première étape concrète vers la refondation du syndicalisme de transformation sociale. Le contexte nous y oblige.