Après des mois de campagnes à travers toute la France, des centaines d’initiatives et de dons
– 500 000 euros collectés – il y a aura bien un bateau français en route pour Gaza, au côté de plusieurs bateaux, ferry et cargos, de différents pays : du Canada, d’Espagne, des États-Unis, de Grèce, d’Irlande, d’Italie, de Turquie… sur lesquels embarqueront 1 500 passagers en provenance de plus de 60 pays.
Ce sera la seconde « flottille de la liberté ». La première, en mai 2010, avait subi un assaut sanglant des forces armées israéliennes(1) et neuf militants du bateau turc « Mavi Marmara » avaient été abattus. Mais les pressions et menaces proférées par l’Etat d’Israël n’ont pas entamé la détermination de celles et ceux qui veulent agir contre le blocus de Gaza et exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien.
Mettre fin au blocus de Gaza
L’ONU reconnait que la bande de Gaza est l’une des zones les plus sinistrées au monde (plus de 45 % de chômeurs). Le porte-parole de UNRWA(2), Chris Gunness, juge « difficile de comprendre la logique » du blocus israélien qui « appauvrit délibérément autant de personnes et condamne à l’indigence des centaines de milliers de personnes potentiellement productives » sans, selon lui, affaiblir le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza.
Israël impose un blocus à Gaza depuis cinq ans, au prétexte de la capture d’un de ses soldats et de la victoire électorale du Hamas. Ce blocus n’avait que très légèrement été assoupli après l’assaut meurtrier contre la flottille en mai 2010. Mais il a maintenu des restrictions très importantes à la circulation des personnes, ainsi qu’un strict blocus maritime et l’interdiction quasi totale des exportations.
Depuis quelques semaines la frontière Égypte/Gaza n’est que très partiellement « ouverte » : elle n’autorise même pas l’entrée des produits indispensables à la population, toujours bloqués par Israël, et aucune marchandise n’a pu sortir de Gaza pour l’exportation. Fleurs, fruits et légumes pourrissent sur place. La sortie de la bande de Gaza reste impossible pour des milliers de Gazaouis, faute de passeport. Malgré l’accord Fatah/ Hamas, plus de 15 000 Gazaouis sont toujours en attente de passeport délivré par l’Autorité palestinienne de Ramallah.
Rendez-vous donc le samedi 18 juin à Marseille pour accompagner le départ du bateau français de la flottille internationale de la liberté.
Sophie Zafari
1) Voir la revue n°24 de juillet-août 2010, page 26.
2) L’UNRWA, Agence de secours et de travaux
des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche-Orient est un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide
aux réfugiés palestiniens dans la Bande de Gaza,
en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie.
Un bateau français pour Gaza :
la France doit protéger ses ressortissants présents au sein de la flottille
Les membres de la campagne « Un bateau français pour Gaza »
appellent le gouvernement français à agir en faveur de la levée du siège de la bande de Gaza et à protéger ses ressortissants présents au sein de la flottille, conformément à son devoir.
Ils prennent note de la déclaration du Ministère des Affaires étrangères et européennes, qui « déconseille formellement aux ressortissants français d’embarquer sur des navires ayant pour objectif de briser le blocus maritime imposé sur la bande de Gaza (…) en raison des risques sécuritaires » mais restent déterminés à mener leur démarche non violente.
Comme l’avait signalé le Ministre des Affaires étrangères et européennes en octobre 2010, les mesures d’allègement du siège mises en place par les autorités israéliennes sont insuffisantes. Le porte-parole du Quai d’Orsay a d’ailleurs lui-même appelé à un « changement fondamental de politique des autorités israéliennes vis-à-vis de Gaza », le 10 mai dernier. En effet, la libre circulation des marchandises, « y compris vers la Cisjordanie », mais aussi des personnes « de et vers la bande de Gaza » est une condition au fonctionnement normal de l’économie et du développement dans les territoires palestiniens occupés.
La Flottille de la liberté II est une réponse légitime au défaut de volonté politique de la communauté internationale pour obtenir la fin de ce blocus illégal.
Le succès populaire de la campagne « Un bateau français pour Gaza » est une première en France. En quelques mois seulement, près de 500 000 euros ont été récoltés grâce à la mobilisation de milliers de citoyens exprimant par là-même leur solidarité avec la population palestinienne face aux conséquences du blocus.
Les organisateurs de la campagne confirment donc qu’un navire français partira, avec à son bord plusieurs dizaines de membres de la société civile, élus, journalistes et personnalités. Ils appellent la France, ainsi que tous les gouvernements dont des ressortissants prendront part à cette flottille, à procurer aide et assistance à leurs citoyens, au titre de la protection consulaire, régie au niveau international par la convention de Vienne de 1963.
En soutenant cette action citoyenne en faveur de la levée du siège de Gaza, la France mettrait en application son engagement et sa volonté d’« éviter que les événements du 31 mai dernier ne se reproduisent ».