Ce congrès s’est déroulé dans un contexte marqué par plusieurs années d’attaques sans précédent sur les services publics : RGPP, RéATE, pression sur les services par l’émergence d’une gestion des ressources humaines issue du secteur privé, réforme des collectivités territoriales et de la taxe professionnelle, restrictions budgétaires, stigmatisation et baisse du pouvoir d’achat des agents publics, et par un changement de majorité politique et de gouvernement qui, malgré les engagements de campagne, n’a impulsé aucune orientation nouvelle, hormis la méthode par la mise en place d’un « agenda social », tout en préférant se réfugier derrière le prétexte de la dette, fondement des politiques d’austérité.
A travers son rapport d’activité, le SNUCLIAS-FSU, en progression constante, témoigne de son ancrage fort dans la FSU et de son implication à tout niveau de la vie fédérale. Didier Bourgoin, rapporteur, démontre aussi la richesse d’une pratique liant syndicalisme offensif, clarté des revendications et propositions d’actions mobilisatrices unitaires, à partir de trois exemples emblématiques : construction des mobilisations en opposition à la contre-réforme des retraites, mouvement social des travailleurs sociaux, lutte pour la titularisation des non-titulaires et protocole ANT, et de différentes campagnes : rédacteurs et examens professionnels , « Pas de bébés à la Consigne », brochure « le travail social, entre les pauvres et les marchés ».
Ces combats, au-delà de leurs aboutissements, ont permis d’engager des dynamiques qui sont autant d’appuis dans la poursuite d’actions revendicatives. Parallèlement, ils interrogent en profondeur le rôle et l’avenir du syndicalisme, dans sa capacité à offrir des perspectives stratégiques gagnantes pour l’ensemble des travailleurs, dont les agents publics, comme pour la défense et le renforcement de notre bien commun, le service public.
Avenir du syndicalisme…
Ainsi, autour d’un atelier intitulé « Syndicalisme, son histoire, ses évolutions », animé par Noël Daucé du centre de formation de la FSU, se sont retrouvés l’ensemble des délégués et différents invités au Congrès (dont le secrétaire général de la fédération des services publics CGT).
Tous ont pu réfléchir, se questionner et s’exprimer sur le devenir du syndicalisme, aujourd’hui éclaté et morcelé, à faible taux de syndicalisation, dans un contexte d’offensive libérale et de politiques d’austérité générateur de massification du chômage et de précarisation accrue, de reculs des droits, d’ébranlement des collectifs de travail et des solidarités, associés à la crise écologique et à la montée des extrêmes droites.
Il devient alors nécessaire de voir le syndicalisme franchir de nouvelles étapes, évoluer vers un syndicalisme unifié offensif, de transformation sociale progressiste en capacité de préserver les droits sociaux et d’acquérir de nouveaux droits, comme de faire aboutir les revendications du monde du travail.
Pour autant, ce ne peut être une simple recomposition « par le sommet ». Cette nécessité implique une dynamique au plus près des syndiqués et de l’ensemble des travailleurs, chômeurs et précaires. Cette question essentielle sera sans doute au cœur des débats du Congrès de la FSU à Poitiers.
La traditionnelle résolution d’orientation, après débats et intégration de plusieurs amendements, fût massivement adoptée. Outre la confirmation des précédents mandats, elle est enrichie de nouveaux socles revendicatifs : pour les agents porteurs de handicap ; sur le télétravail ; l’égalité professionnelle, contre le nouveau management public ; la création d’un service indépendant d’inspecteurs et de contrôleurs du travail ; l’accès aux droits sociaux…
Deux autres parties consacrées aux « élections professionnelles de 2014 », à « l’évolution du SNUCLIAS et l’unification des syndicats FSU dans la FPT », ont été à l’origine d’une résolution spécifique « Unifier la FSU à la Territoriale », également inspirée de la déclaration commune du SNUCLIAS et du SNUACTE au CDFN de la FSU de septembre dernier. Cette résolution, votée unanimement par les délégués, est une étape fondamentale au processus de rapprochement entamé depuis quelques mois entre les deux syndicats nationaux, pour aboutir à terme à la fusion et la création d’une nouvelle entité syndicale FSU Territoriale. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro.
Décentralisation…
Un atelier sur la décentralisation a permis aux délégués de mieux saisir les enjeux d’un nouveau projet de loi de décentralisation annoncé par le chef de l’État début octobre. Une motion d’actualité « Réforme de l’État et nouvel « acte III », mettant en exergue les grands principes retenus par François Hollande, a souligné les importantes difficultés qu’ils renferment conduisant à de nouvelles inégalités territoriales. La motion souligne par ailleurs le danger de nouveaux transferts de compétences aux régions -formation et orientation professionnelle- et aux départements -politiques du handicap et de la dépendance-. Ces différentes annonces ne disent rien d’une réelle réforme de la fiscalité locale, ni de la péréquation financière entre les territoires, ni n’est évoquée, pour la mise en place d’un « Haut Conseil des Territoires », la présence de représentants des organisations syndicales et des associations représentatives d’usagers. Dans cette motion votée unanimement, le SNUCLIAS-FSU a rappelé son exigence d’un bilan des actes précédents, avant tout nouvel acte, alors que les inégalités territoriales ne cessent de se développer.
Trois autres motions d’actualité ont largement été débattues et adoptées. L’une portait sur la reconnaissance des qualifications des personnels éducatifs et sociaux et leur revalorisation salariale en catégorie A, qui se font attendre. Ces revendications étaient pourtant soutenues par François Hollande et plusieurs membres du gouvernement lorsqu’ils étaient dans l’opposition.
Une autre avait trait au Contrat d’avenir qui est une forme supplémentaire de précarisation de l’emploi public loin de la création d’emplois statutaires.
Enfin, la dernière intitulée « Municipales 2014 : attention danger ! » est une alerte au risque et au danger que représente l’extrême droite et de ce qui pèserait pour les personnels, l’emploi public, le statut et les libertés, si une de ses composantes remportait une élection municipale.
Cette motion a d’ailleurs été présentée à la journée de débat de VISA (Vigilances Syndicales AntiFascistes) du 20 octobre.(http://www.visa-isa.org/node/11564 ).
L’atelier sur la dette, animé par Bernard Lebrun de la FSU 72, a été un moment didactique fort pour l’ensemble des délégués, dont beaucoup se pensait fâché avec l’économie. En revenant sur les mécanismes à l’origine de la dette, chacun a pu se rendre compte de l’arnaque du siècle qu’elle constitue, mais aussi de l’importance pour le syndicalisme de se saisir de cette question, de s’appuyer sur la notion de bien commun.
La FSU dans la territoriale…
Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, a souligné dans son intervention les enjeux de la période actuelle où aucun élément de rupture n’apparaît, les signes forts de la part du gouvernement se faisant attendre malgré la reprise du dialogue social. Elle a également évoqué le Congrès de la FSU en février 2013, ses 20 ans d’existence et l’enjeu qu’il représente dans l’avenir du syndicalisme. Soulignant le travail conséquent du SNUCLIAS sur son champ professionnel comme dans la vie fédérale et sur les questions de société, elle espère voir aboutir le processus de fusion des syndicats de la territoriale et l’entrée de la nouvelle entité FSU au CSFPT en 2014, assurant par ailleurs le soutien et l’aide de la Fédération « autant que de besoin » aux syndicats concernés.
Ce 3ème Congrès du SNUCLIAS-FSU qui aura également connu d’importantes modifications statutaires, est un congrès de maturité. Avec un Bureau national élargi et légèrement rajeuni et un Secrétariat national reconduit et renforcé, le SNUCLIAS-FSU par la qualité de ses débats et son approche globale des enjeux de société à partir du service public local, facteur de cohésion sociale, ressort de ce congrès très soudés. La perspective proche de rassembler dans un même syndicat national les 11 000 adhérents FSU des collectivités territoriales et de leurs établissements, avec nos camarades des Préfectures et des Finances est considérée par tous comme un élément dynamisant. Enfin saluons, ici, les équipes du Cantal, de Haute Loire, et du Puy de Dôme, qui ont largement contribué à la réussite et à l’ambiance conviviale de ce congrès, agrémenté d’un grand moment festif mais militant avec la soirée musicale du groupe folk rock Manif’ Boys !
Hervé Heurtebise,
secrétaire national du SNUCLIAS-FSU