Audrey Oualid (Créteil)
C’est ça, la laïcité !
J’interviens au nom du SNES-Créteil sur la fiche 6 « Pour l’école laïque ».
Nous nous interrogeons sur la pertinence de placer une fiche sur ce sujet dans le thème 2 qui s’intitule : « Pour des personnels respectés et revalorisés ». Nous ne percevons pas le lien entre respect, revalorisation des personnels et laïcité.
Contrairement à ce qui a été dit en commission, si cette fiche a été peu amendée, c’est sans doute moins parce qu’elle ne pose pas de problème que parce qu’elle se situe à la fin d’un thème déjà très dense. Elle a été traitée en commission mardi en moins de 15 minutes et il en a certainement été de même dans de nombreuses académies.
Certes, il nous faut absolument répondre aux trop nombreuses provocations de Blanquer mais uniquement pour affirmer une vision de la laïcité qui ne doit pas servir la stigmatisation de tel ou tel groupe. Nous devons aussi condamner et refuser les discriminations au sein de l’école, du syndicat et de la société.
Nous regrettons d’ailleurs qu’il n’y ait pas d’allusion à la scandaleuse campagne sur la laïcité qui a inauguré notre année scolaire, où l’on apprenait que « Permettre à Sacha et Neïssa d’être dans le même bain, c’est ça la laïcité ». Cette conception excluante et discriminante ne saurait être la nôtre, n’entrons pas dans ce jeu-là.
Pourquoi demander aujourd’hui une formation spécifique sur la laïcité pour tous et toutes les enseignant•es ? Est-ce une demande de nos collègues ? Sommes-nous réellement confronté•es, si souvent, sur notre lieu de travail à des situations « ayant trait à la laïcité » ? Soyons en outre prudent•es compte tenu de l’instrumentalisation qui en est faite, y compris dans le milieu universitaire. Souvenons-nous du récent colloque à la Sorbonne fustigeant le wokisme et l’islamogauchisme, concepts fumeux de l’extrême-droite et qui ont déjà été utilisés par le gouvernement comme un moyen de détourner l’attention des vrais problèmes.
Pour finir sur une note positive, nous sommes satisfait•es que notre opposition à la labellisation des établissements privés figure désormais dans ce texte. Nous souhaiterions y voir ajoutée la revendication de la nationalisation, sans rachat ni contrepartie, de l’enseignement privé comme le propose l’amendement 54.
Que l’argent du public n’aille qu’au public, c’est ça la laïcité !