Dans sa course vers le modèle libéral, le gouvernement a lancé ce qu’il refuse d’appeler une réforme et préfère nommer « transformation » du lycée.
Le projet du Ministre ne remet aucunement en question la structuration du lycée en trois voies (générale, technologique, professionnelle) car celle-ci est efficace dans sa fonction de tri social. L’organisation du lycée général en filières L, ES et S est abandonnée au profit d’un modèle de lycée à la carte qui va contraindre les élèves à faire des choix d’orientation toujours plus tôt, avec des conséquences certaines sur la poursuite d’études. Les différences de parcours au sein même du lycée général seront encore plus importantes qu’aujourd’hui et plus illisibles que jamais pour les élèves et les parents les moins initié-es. Pour les familles les mieux armées au contraire, les possibilités d’organiser de l’entre-soi seront multipliées. Le lycée technologique quant à lui restera maintenu en séries, ce qui rendra encore plus étanches entre-elles les voies générale et technologique.
Dans le monde rêvé de Macron, chaque individu doit se considérer comme détenteur d’un capital « humain » à entretenir, à faire fructifier et l’école est là pour développer chez les élèves, le plus tôt possible, les compétences qui leur permettront de se « vendre » sur le marché libéralisé du travail. Dans cette perspective, la réforme du lycée articulée à celle de l’orientation post-bac, prévoit aussi une transformation du rôle des enseignant-es qui s’apparentera bien plus à celui de « coach » qu’à celui de professeur-es.
Transformer le système éducatif pour transformer la société ! Nous sommes d’accord !
Le SNES-FSU annonce le temps de la riposte. Celle-ci doit s’articuler autour de la promotion d’un projet alternatif et ambitieux qui fédère personnels et parents d’élèves : une école égalitaire qui vise l’élévation générale des qualifications, donne à chacun-e accès à tous les savoirs, développe l’analyse, la réflexion des élèves leur permettant ainsi de devenir des citoyen-nes émancipé-es.
Cela suppose l’allongement de la scolarité jusqu’à 18 ans mais pas seulement. Le lycée actuel a montré ses limites, la hiérarchie entre les trois voies et celle entre les filières se révélant un puissant outil de reproduction sociale. L’attaque sans précédent du gouvernement sur le lycée et le baccalauréat est l’occasion pour nous d’explorer d’autres pistes pour le lycée.
A la défense de « l’ égale dignité des trois voies », nous pensons qu’il est temps de substituer la revendication d’un lycée unique polytechnique, basé sur un cursus commun jusqu’au baccalauréat, permettant à chaque élève d’acquérir des savoirs généraux, technologiques et manuels et qui prépare les élèves à un diplôme national, seul prérequis pour l’accès à l’enseignement supérieur.
Agnès Akielewiez, Clément Lefèvre et Sylvain Marange (École Émancipée)