Depuis plusieurs années le bac semble porteur de tous les maux à la fois, trop lourd mais aussi trop facile, ne permettant pas assez de distinguer les élèves.
Par sa réforme, le ministre Blanquer prétend vouloir « remuscler » l’examen, mais ce qu’il faut c’est mettre fin au décalage entre programme, sujets et notation. La difficulté des exercices proposés à l’écrit d’EAF, notamment pour des élèves qui ont subi la réforme du collège, et l’immensité du programme contraignent pourtant les correcteurs, sous la pression des IPR, mais aussi par souci d’équité, à revoir leurs attentes à la baisse ce qui finit par vider l’évaluation de son sens, empêche de valoriser les élèves sérieux et décrédibilise la discipline. Des épreuves plus adaptées et des programmes plus resserrés qui pourraient être traités par tous augmenteraient le niveau d’exigence et redonneraient du sens aux exercices. Par ailleurs, les règles concernant le choix des textes supports de l’interrogation orale diffèrent d’une académie à l’autre, suivant l’appréciation des corps d’inspection. Ainsi la littérature étrangère pour les lectures analytiques est acceptée à Créteil mais interdite à Bordeaux, par exemple, alors que l’examen est officiellement national. De plus, le flou entretenu sur le nombre de textes à étudier précisément est non seulement anxiogène pour les collègues mais il conduit à une grande inégalité entre les candidats qui peuvent présenter jusqu’à dix textes d’écart pour une même filière. Il est urgent de donner un cadre plus précis à ces épreuves.
En histoire-géographie, les programmes sont lourds et ambitieux et les horaires restreints, en S notamment. La composition, qui devrait être un exercice de réflexion sur des sujets originaux se transforme en une simple restitution du cours sur des sujets correspondant presque exactement à l’intitulé du programme, souvent à des bornes chronologiques près. Quant à l’étude de document, elle est devenue un exercice extrêmement difficile. Non guidée par des questions, elle demande un niveau d’analyse et de maîtrise des méthodes que peu de nos élèves possèdent et que l’on ne peut leur faire acquérir dans les horaires impartis et les conditions actuelles. Le croquis, n’est plus qu’une épreuve de mémorisation très inégalement notée suivant les collègues tant les attendus diffèrent. Résultat, les consignes de notation sont très larges et les objectifs dénaturés : plus besoin de problématique ni de véritable construction. A force d’appeler à la « bienveillance » des correcteurs et correctrices, les notes obtenues ne donnent que de loin une idée du niveau réel des élèves.
Rien d’étonnant alors que dans le questionnaire sur le Bac réalisé par le Snes, les collègues aient majoritairement fait état de pressions sur la notation et du fait que les résultats obtenus étaient « surévalués ».
Pour défendre le bac, lui redonner son sens et lutter contre la réforme, le Snes doit s’appuyer sur la réflexion des groupes disciplinaires et échanger avec les collègues plus largement, sur la forme et la nature des épreuves de bac, discipline par discipline pour en proposer de nouvelles adaptées à nos élèves avec des exigences de correction à la hauteur d’un niveau défini et réel du premier grade universitaire.