Camille Taillefer (Créteil)
« Le lycée doit constituer le creuset d’une culture commune dans le cadre d’une scolarité obligatoire portée à 18 ans. L’objectif de cette culture commune est de donner à la jeunesse les moyens de connaître la société dans laquelle elle évolue et ceux d’agir sur elle. »
Comme le souligne le texte, c’est dans le cadre de sociétés démocratiques qu’une transmission d’une culture commune est possible.
Pour le sociologue et anthropologue Jacques Berque, la culture c’est le « mouvement d’une société, en ce qu’elle se cherche des significations et des moyens d’expression. L’homme de culture (et la femme de culture ai-je envie d’ajouter mais c’est une citation), contrairement à l’expert, celui qui sait déjà, l’homme de culture, donc, lui, ne sait jamais. Il cherche toujours.
Dans cette acception, c’est dans le cadre d’une éducation nationale, gratuite, pour toutes et tous qu’il est permis d’envisager la construction, l’écriture d’une culture commune, car c’est un mouvement d’une société vivante qu’il s’agit de porter.
Nous comprenons que la formulation : « nationale, plurielle et cosmopolite » était pensée comme une formule inclusive, mais la juxtaposition de ces 3 termes ne nous semble pas
suffisamment claire.
Quel est le sens ici de « nationale » : patrimoniale ? Il y aurait alors une culture nationale qui serait métissée par d’autres apports donc : « cosmopolite » ?
Deux oppositions apparaissent : d’une part, la culture est un mouvement, c’est donc à une écriture commune dans et par l’école qu’il faut s’atteler.
Par ailleurs, rappelons la pertinence d’un positionnement aux intersections de ces termes qui permet de penser la culture comme plurielle et diverse : française, faite de toutes les histoires singulières qui la constituent.
C’est la position que nous défendons à Créteil dans des territoires parmi les plus jeunes de France, les plus divers, les plus « cosmopolites » justement. Car oui, on pourrait la qualifier de « cosmopolite » cette culture, mais rappelons nous combien ce mot a été galvaudé et détourné de son sens premier, le rendant même dangereux à utiliser, pour désigner des soi-disant apatrides, attaché·es à aucune valeur, à aucune patrie… à l’inverse donc de ce que ce mot devrait signifier.
Notre culture commune, celle que nous appelons de nos vœux, est donc complexe, plurielle, en mouvement à l’image de la société française, tout simplement.
C’est pourquoi nous proposons la réécriture suivante : « Cette culture commune portée par une éducation nationale, gratuite et laïque pour toutes et tous, partout, permet de faire
vivre une culture réellement commune, complexe, plurielle, à l’image de la société. »