Mina El Azzouzi (Créteil)
Créteil est ravie de la suppression de la 3° prépa-métiers dans le texte. Mais cela appelle de nouveaux chantiers.
La 3° prépa-pro peut apparaître comme une réponse à la question des collégien·es en difficulté ou en décrochage scolaire. Mais pour Créteil, il est sûr que cela ne sera pas résolu en constituant une antichambre de l’apprentissage, que je reformulerai autrement : en excluant certain·es élèves des apprentissages communs au collège.
Car c’est la réalité de ce dispositif. Le collège unique doit être le collège pour tou·tes : il ne doit pas être excluant, adéquationniste, ou au service de l’idéologie de marché / néolibéral. Il doit être réellement inclusif et émancipateur.
Associer pré-professionnalisation collégienne et difficulté scolaire révèle la vraie logique du système que l’on voudrait méritocratique qui n’est rien d’autre qu’héritocratique ! L’orientation dans une 3° prépa-pro n’a d’autre justification que le tri social, aux un.es le droit aux études et aux autres le marché de l’emploi, de la précarité, du chômage, c’est proprement scandaleux.
Pour les personnels exerçant en collège, témoins silencieux des inscriptions d’élèves dans ces dispositifs, c’est une participation consciente ou non au tri social des adolescent·es de France par leur parcours scolaire, différencié. C’est donc renforcer et accélérer les déterminismes. C’est nourrir les discriminations classistes et genrées… Quelle est la part des élèves primo-arrivant·es dans ces dispositifs ? des élèves issu·es de familles défavorisées ? Des élèves pris·es en charge par l’ASE ? Des élèves victimes des insuffisances de l’Education nationale ? Des élèves qui n’ont pas capitalisé les codes scolaires ? C’est pourquoi nous devons penser les intersections. C’est pourquoi aussi nous devons tout faire pour scolariser ensemble et le plus longtemps possible toutes et tous.
Pour la nécessaire démocratisation des divers savoirs, pour la défense du collège public, pour défendre et affirmer résolument une « connaissance du monde, et au monde » comme le revendiquait Paulo Freire, pour parvenir à notre mission d’enseignement et d’éducation : notre réponse est le collège unique.