Le texte ci-dessous est le texte que l’école émancipée a déposé à la CA nationale du snes des 8 et 9 juin 2010
Les marées noires
Sale temps pour la planète qui subit une marée noire historique résultat directe de l’inconséquence des dirigeants de BP, de la recherche du profit immédiat.
Sale temps aussi pour la grande majorité de ses habitants. Les marées noires sociales déferlent aussi. Un cortège de plans d’austérité défile partout en Europe : il n’est plus question de demander des comptes aux banques, aux traders et de « réguler le capitalisme », les Libéraux ont retrouvé leurs fondamentaux : ce sont les peuples qui doivent payer !
Le problème désormais n’est plus l’irresponsabilité des marchés, l’inconséquence de nos gouvernements mais les dettes publiques, et cible toute désignée les fonctionnaires sont dans la ligne de mire. Les services publics et l’égalité coûtent trop chers, la solidarité aussi. Terminons-en avec ce modèle désuet et conservateur qui refuse aux riches le droit d’écraser les pauvres.
En France, l’heure est à la « rigueur » : gel des salaires, arrêt de certaines aides sociales… alors même que l’on annonce de nouvelles exonérations pour les entreprises qui charitablement emploieront des seniors. Le chômage explose et ses effets à moyen terme vont encore prendre de l’ampleur. Dans son élan, le gouvernement a ajouté au calendrier des retraites établi en 2003 qui ne prévoyait pas de rendez-vous entre 2008 et 2012, une date : septembre 2010. Crise oblige ! Le déficit des caisses de retraites très largement imputable à la politique du gouvernement (emploi, salaires, exonérations sociales) est l’occasion de ressortir l’épouvantail démographique pour justifier la casse du système par répartition. L’assurance maladie devrait aussi se trouver sur la route du rouleau compresseur.
Dans les services publics, sur fond de RGPP, les suppressions de postes vont continuer avec 34 000 départs à la retraite non remplacés. Avec tout ce que cela suppose pour les usagers qui dans cette période auraient plus que jamais besoin de services publics de qualité. La stagnation des salaires est annoncée mais avec l’alignement des « taux de cotisation retraites » entre le public et le privé, c’est une baisse des salaires à laquelle il faut en réalité s’attendre. En effet, il n’y a pas de cotisations dans la FP mais une ligne budgétaire dédiée aux traitements continués, ce tour de passe-passe occasionnerait une perte équivalente à une journée de salaire par mois.
Apprendre à nager dans le goudron
Au milieu de la marée noire, le mouvement social maintient la tête hors de l’eau et résiste.
Les grèves générales d’une journée -encore trop rares- commencent à se succéder en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Allemagne… Il est grand temps que le syndicalisme européen prépare une riposte à son échelle.
L’unitaire interprofessionnelle -sans FO toutefois- fonctionne encore et c’est une bonne chose pour la mobilisation même si cela fait implique le flou sur la question de l’allongement de la durée de cotisation. De ce point de vue, la FSU doit réaffirmer l’ensemble de son mandat et la nécessité d’une autre répartition des richesses. Les questions retraites/emplois/salaires se sont imposées peu à peu dans le calendrier avec le 23 mars et le 27 mai même si la mobilisation n’est pas encore à la hauteur des enjeux. Par ailleurs l’intransigeance du gouvernement empêche même la CFDT de négocier aux marges et la pousse à s’accrocher à l’unité syndicale ! Dans l’immédiat, ce n’est pas plus mal mais c’est aussi un sérieux indicateur sur le degré auquel il va falloir réussir à se battre pour gagner. Poursuivre la mobilisation en juin est fondamental si l’on veut avoir une chance de reprendre la bataille au bon niveau dés le début du mois de septembre : chacun sait que le temps nous sera compté avec un calendrier resserré au possible prévu pour permettre un passage en force du gouvernement. La plate-forme de revendications retraites/salaires/emplois est celle qui peut permettre une véritable « politisation » du mouvement social, clef d’une victoire face à Sarkozy. La journée d’action du 24 juin, même si elle est bien sûr insuffisante -et difficile pour notre secteur- n’en est pas moins absolument nécessaire. Le nombre de manifestants sera compté et nous devons tout faire pour qu’un maximum de personnels du secondaire aille grossir les rangs.
Préparer la rentrée
Dans le domaine de l’Education, Chatel n’est pas en reste en ce qui constitue un véritable dynamitage du service public d’éducation. Cette année scolaire a été marquée par la mise en place de « réformes » toutes plus destructrices les unes que les autres. Chatel a pu, sans grande difficulté, imposer la transformation du lycée qui avait été repoussée sous Darcos ; dès la rentrée 2010 les collègues vont être amenés à gérer la pénurie de moyens, l’application de programmes bâclés, la mise en place de l’accompagnement personnalisé, des « enseignements d’exploration », le tutorat… sans les moyens nécessaires, absence de manuels scolaires dans certaines disciplines, etc… En collège, c’est bien la question des effectifs en grande partie liée aux effets désastreux de la suppression de la carte scolaire (celle ci touchant également les lycées) qui vont être au programme de cette rentrée. A cela s’ajoute une nouvelle attaque sur l’éducation prioritaire par la mise en place du dispositif CLAIR, outil de dérégulation totale et d’abandon de toute ambition éducative pour certains élèves. Enfin, la rentrée 2010 en collège va être celle de l’imposition du livret de compétences. Le Snes doit appeler l’ensemble des collègues à faire échec à sa mise en place.
L’année scolaire 2009-2010 a également été celle de la préparation de la destruction du service public d’orientation. La redéfinition à la baisse des missions des CO-Psy devrait entraîner la fermeture de nombreux CIO, l’essentiel des missions d’orientation passant sous le contrôle des conseils généraux. Le Snes doit réaffirmer son engagement au coté des CO-Psy qui refusent d’assumer de nouvelles tâches. Il appelle les collègues à refuser la charge de professeur principal dans de telles conditions.
Enfin, la rentrée 2010 est celle de la mise en place de la réforme de la formation des maîtres qui, en leur imposant un service complet dès la première année, fait des stagiaires des moyens d’enseignement comme les autres, renonce de fait à une formation de qualité pour les nouveaux enseignants et risque d’induire une profonde modification de la nature même du métier. Le Snes doit relancer la campagne menée auprès des enseignants pour qu’ils refusent d’assurer les fonctions de tuteurs dans de telles conditions. Néanmoins, il appelle l’ensemble des collègues, et plus particulièrement les sections syndicales, à accueillir les jeunes collègues en début d’année.
Cette modification de l’année de stage va également avoir des conséquences fortes pour les personnels non titulaires dont un grand nombre risque de se retrouver au chômage. Plus que jamais il convient d’ « en finir avec la précarité » et d’obtenir la titularisation de tous.
Le schéma d’emplois 2011-2013 publié le 5 mai dernier a fait prendre conscience à l’ensemble de la profession et de l’opinion publique de l’objectif de réduction de la dépense publique. Avec un service public d’éducation en train d’être revu au minimum en terme de coût et de fonctionnement; il faut aussi ajuster « l’ambition éducative » et la réduire à rien : la dernière mouture du livret de compétences est là pour nous le rappeler. La politique du gouvernement, dans une société de plus en plus injuste, inégalitaire et insupportable, dans les quartiers les plus populaires notamment, vise non pas à éduquer et émanciper mais à dresser, à canaliser et à faire en sorte que chacun rejoigne gentiment la case qui lui a été désignée à sa naissance.
Des défaites sévères nous ont été infligées et un bilan des stratégies mises en oeuvre par les SN et la FSU s’imposera. Les batailles à venir restent nombreuses.
Jusqu’à présent, si la rentrée a été, d’année en année, « techniquement réussie », c’est d’abord au prix des efforts déployés par les personnels ; cette année, la coupe est pleine…
C’est pourquoi le Snes appelle à la grève dès la rentrée, à commencer la grève le lundi 6 septembre, premier jour de classe pour tous après les rentrées échelonnées des élèves et des collègues ; dès le mois de juin, le Snes mobilisera les collègues en vue de cette action, qu’il inscrira dans la durée.
Avec la FSU, le SNES portera auprès des organisations de l’interprofessionnelle :
-la nécessité d’actions pendant l’été pour maintenir la pression (autour du 13 juillet) et la poursuite du débat public sur la question des retraites avec tous les moyens dont dispose le mouvement syndical et social.
-l’absolue nécessité d’une nouvelle journée de grève et de manifestation dés le début du mois de septembre, en envisageant sa reconduction dans un calendrier le plus serré possible.
Le snes aura à cœur d’articuler ses responsabilités sur le champ éducatif et l’indispensable mobilisation interprofessionnelle.