Le 31 décembre, Ahmed Sohail, 23 ans, scolarisé en France depuis 8 ans, est expulsé vers le Pakistan, baillonné et menotté. Auparavant, le premier jet de gaz lacrymogène lancé par le gouvernement aura visé des paysans et des écologistes opposants au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.
Après un quinquennat insupportable de Sarkorzy, une majorité faisait le choix de F.Hollande avec un espoir de changement…Sept mois plus tard, le changement a une drôle de gueule. La liste commence à être longue des promesses non tenues, oubliées ou transformées en leur contraire. Du pacte budgétaire européen qui n’a pas été renégocié, jusqu’au vote des étrangers aux élections locales qui n’est plus d’actualité. Et puis Florange, l’extradition d’Aurore Martin, la MAP (modernisation de l’action publique) qui ressemble comme une soeur à la RGPP, avec la baisse des dépenses publiques de 50 milliards, la baisse du coût du travail avec un cadeau fiscal de 20 milliards à toutes les entreprises, l’abandon de la grande réforme fiscale…L’inventaire est accablant et donne le sentiment que le renoncement était programmé.
Et maintenant, Hollande en chef de guerre au Mali ! D’aucuns diront que le péril terroriste djihadiste et ses exactions-qui nous font horreur- est suffisant pour justifier cette croisade. Mais, c’est occulter les intérêts des multinationales (Dassault, Bouygues, Bolloré, Areva, Total…) et des dictatures françafricaines à leur service. C’est oublier que ce sont des pompiers pyromanes : aucun soutien des dirigeants français au processus populaire de démocratisation dans cette région, ni au processus de négociation, aucune « alliance sacrée » contre la pauvreté et la misère des populations concernées, pillées par les multinationales occidentales, condamnées à la désespérance éternelle. On peut redouter que cette intervention militaire ne produise les mêmes effets qu’en Côte d’Ivoire, en Afghanistan : pertes en vies humaines, violation des droits humains, destruction des infrastructures…
L’homme du « changement, c’est maintenant » s’est inscrit dans la continuité de Sarkozy. Il accompagne la guerre sociale enclenchée par la Troïka ( BCE, FMI, Commission européenne) qui met en œuvre les politiques d’austérité dans le plus pur dogme néolibéral, des politiques économiquement irresponsables et socialement injustes, mais qui répondent aux intérêt de la finance et des marchés. « Changer », c’était rompre avec cette logique mais Hollande et le PS n’ont jamais envisagé ce choix.
Il serait temps que le mouvement syndical analyse cette ligne de fond de la politique gouvernementale et comprenne les objectifs et les limites du dialogue social mis en place par ce gouvernement : défaire les résistances, opérer des manœuvres de diversion.. Le rôle à y jouer devrait être celui de haut-parleur du désarroi social, en dénonçant la démolition sociale en cours. Il faudrait s’en servir comme espace pour construire des résistances face aux politiques gouvernementales et européennes.
A l’heure des vœux pour 2013, on rêve de rompre avec le désenchantement ambiant, d’ajouter au réveil des luttes de Florange, à NDDL, à celui des indignés espagnols et du peuple grec, celui du mouvement syndical ici et au-delà.
L’approfondissement de la crise va se poursuivre en 2013 et d’autres mesures d’austérité viendront. Pour qu’il en soit autrement, le syndicalisme dont nous avons besoin, c’est celui qui ne lâche rien, qui construit les solidarités face à cette offensive dévastatrice et organise les mobilisations, reprend le chemin de la lutte sociale, descend dans la rue. Un syndicalisme qui se confronte à ce système barbare et injuste, à ce capitalisme du désastre.
Sophie Zafari
Which side are you on ? Don’t scab for the bosses, Don’t listen to their lies. Us poor folks haven’t got a chanceUnless we organize.” * (chanson écrite pour les mineurs du Kentucky-USA en grève en 1931)