Ce ne sont pas les larmes de son président qui vont exonérer la COP26 de son coupable statu quo pour l’avenir de la planète. L’accord minimal de Glasgow marque le pas d’un désengagement des objectifs ratifiés à Paris en 2015, que ce soit sur la limitation à 1,5°C de la hausse globale des températures, la réduction des énergies fossiles ou encore le financement des conséquences de la crise climatique pour les pays du Sud.
Alors que les effets du dérèglement climatique s’aggravent et que la situation va devenir catastrophique sans une réduction rapide et drastique des émissions de gaz à effet de serre, les États n’ont pas pris la mesure de l’urgence à changer radicalement de modèle. Ils refusent de remettre en cause la logique de marché, suspendre les investissements ou tourner le dos à la recherche effrénée du profit. Pire, les marchés carbone accordent un permis de polluer sans fin, via des mécanismes de compensation, plutôt que d’agir contre les émissions de CO2.
C’est cette même logique qui pousse Macron à faire revenir le nucléaire dans le Plan France 2030, en tablant sur des besoins énergétiques en augmentation dans 25 ans. Sans toutefois prendre appui sur de possibles scénarios alternatifs, se fondant à la fois sur le développement d’énergies renouvelables et décarbonées et s’accompagnant de changements sociétaux, notamment en termes de transports.
Or cette volonté politique d’imposer des trajectoires mondiales, dont on connaît par avance l’absence d’effets positifs pour la planète et les populations, cache mal la volonté de soustraire ces questions au débat démocratique. L’énergie nucléaire est bien loin de bénéficier d’un large consensus social et les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat doivent ronger leur frein sur la reprise de leurs 149 propositions…
Aujourd’hui la question démocratique doit redevenir le pivot central pour que les choix ne s’imposent pas aux citoyennes et aux citoyens, mais qu’ils soient élaborés collectivement, sur la base de propositions alternatives.
Il est de la responsabilité du syndicalisme de transformation sociale de faire des questions environnementales l’un des enjeux forts des mobilisations à venir et à repenser ses revendications à l’aune de l’urgence environnementale. Il ne suffit pas de faire le constat de l’échec des rassemblements du 6 novembre, quand, dans le même temps, nous n’aurons inscrit aucune de nos forces dans la bataille.
Pourtant les mandats que nous portons nous permettent largement d’alimenter les réflexions et de porter les débats dans notre champ syndical. Nous devons continuer à faire connaître le Plan de sortie de crise, auquel nous avons contribué dans Plus Jamais Ça et à le médiatiser comme a pu le faire la CFDT avec son Pacte du pouvoir de vivre. Cela suppose de continuer à travailler sur ces questions, notamment d’éducation, auxquelles le SNUipp et la FSU doivent contribuer plus largement.
Il n’y a pas aujourd’hui de luttes sociales qui n’aient un ancrage environnemental. C’est sur la base de ce constat que le SNUipp et la FSU doivent orienter leur syndicalisme pour gagner d’autres perspectives et s’inscrire dans un avenir plus désirable.