Quelques 40 000 agents sont appelés à voter le 19 octobre dans les 238 directions départementales interministérielles (DDI). Un test de représentativité qui permet de constituer les comités techniques paritaires et les comités d’hygiène et sécurité. Un scrutin sur sigles – et non plus sur listes – disputé entre huit organisations syndicales : FSU, CGT, Solidaires, FO, CFDT, UNSA, CFTC, CGC.
Dans la cadre de la RGPP, ces agents ont été regroupés sous l’autorité des préfets en deux ou trois directions par département : direction départementale des territoires (DDT, étendue à la mer sur le littoral : DDTM) ; direction départementale de la protection des populations (DDPP) ; direction départementale de la cohésion sociale (DDCS). Ces deux dernières sont regroupées dans une DDCSPP pour les départements les moins peuplés.La FSU s’est présentée dans toutes les DDI, grâce à un grand effort des syndicats concernés mais surtout avec l’aide des sections départementales fédérales, qui rencontrent là des secteurs souvent mal connus. Désormais chaque DDI a sa ou son délégué-e FSU, qui a suivi le dépôt de candidature et l’organisation des élections.
La campagne s’engage pour faire connaître la FSU dans les différents services des DDI. Car ces directions sont encore très souvent vécues comme la juxtaposition d’unités très spécifiques, venant des anciennes directions départementales (Jeunesse et Sports, Affaires sociales, Services vétérinaires, Répression des fraudes, Agriculture et Forêt, Equipement, Affaires maritimes). Un enjeu de ce scrutin est de favoriser la constitution d’un référentiel unifié.
Or, comme toutes les autres organisations syndicales, la FSU est confrontée à des implantations inégales d’un ministère à l’autre et donc au sein même des DDI. Il faut dire que notre présence en dehors des frontières de l’Education nationale est d’autant plus inégale qu’elle est souvent récente et répartie entre de nombreux syndicats : Sygma, SUP-Equip’, Snamer, EPA, Snep, Snasub, Snuclias…
Heureusement, nous ne sommes pas confrontés aux plus forts corporatismes au sein de la FSU… La plupart des autres organisations syndicales connaissent des difficultés internes qui renvoient souvent aux divisions au sein des DDI entre services de provenances différentes, voire entre agents selon leur origine, leur statut. De plus, les lourdeurs administratives ne favorisent pas le brassage : pour changer de poste au sein d’une même DDI, il faut franchir un parcours d’obstacles où la question du budget de rattachement du poste (le BOP de la LOLF) peut être une raison de blocage sans appel…
**Le grand chambardement des directions…
Une incertitude règne sur la participation à ce scrutin. Il faut dire que la création des DDI a désorienté beaucoup de collègues. Les fusions / réorganisations / déménagements ont été généralement vécus comme des décisions prises au plus haut niveau, sans connaissance de la réalité du terrain. Elles ont aussi été l’occasion de « mutualiser les fonctions support » avec réduction des effectifs, éloignement des services (tant pour les personnels, qui n’ont plus de gestion de proximité, que pour les usagers qui font les frais des restrictions).Les directions départementales interministérielles marquent à la fois une réduction des services de l’Etat dans les départements et la fin des administrations ministérielles. Aussi est-ce sur l’identité professionnelle et sur les métiers que planent le plus d’incertitudes : fusionner des services, tout réorganiser, c’est une bonne occasion de remettre en cause des activités. Des missions, jusqu’alors non contestées, deviennent incertaines : les « commissions sécurité incendie » pour les constructions accueillant du public ne pourraient-elles pas se passer des agents de l’ex-Equipement ? Question ouverte, surtout quand on s’entend dire par son chef qu’il faudrait penser à se chercher un autre poste !
Ne plus avoir de visibilité sur son avenir, se sentir ballotté dans des bouleversements en profondeur mais toujours menés dans l’urgence : ce ressenti se retrouve de façon prégnante dans toutes les DDI.
**… et ses conséquences
Ces services interministériels mettent en cause la notion même de politique publique nationale : définies en administration centrale, elles ne sont mise en œuvre sur le terrain qu’au niveau régional… sans disposer de relais identifié dans les départements, car les directions régionales ne pilotent pas les DDI. C’est le rôle des préfets qui fixent eux-mêmes les priorités (sous l’autorité des préfets de région)… au risque de voir disparaître toute politique nationale en fonction des contextes politiques locaux.Face à ces évolutions, les ministères privilégient leurs directions régionales (DREAL au Meeddm [[Meeddm : Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer : Borloo ?
DREAL : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
DRAAF : Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.]], DRAAF à l’Agriculture, DRJSCS à la Jeunesse, aux Sports et à la Cohésion sociale, etc.).
Les syndicats FSU sont directement impactés par cette agitation : il leur faut s’organiser localement dans des services ne correspondant plus à leurs structures et leurs traditions. Les syndicats de la FSU, se trouvent, à des degrés divers écartelés entre plusieurs Directions et les départements où ces syndicats sont bien implantés ne sont pas les mêmes !
La rentrée, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la campagne en vue de l’élection des CTP, donne l’occasion d’une présence FSU renforcée. Cela suppose une coordination à tous les niveaux (instances nationales des syndicats comme sections locales en DDI) et l’on prévoit de nouvelles implantations dans les prochains mois.
Dans les DDPP, le Sygma se retrouve seul et une lourde responsabilité repose sur les militants des services vétérinaires. Dans les DDCS, les syndicats FSU (EPA, Snep et Snasub) ont une présence variable selon les départements. Pour eux aussi la coordination ne sera pas de trop pour prendre en compte des réalités nouvelles venues du secteur Affaires sociales. De plus, dans les DDCSPP, s’ajoutera le pari du mariage entre les traditions de la Jeunesse et des Sports et celles des services vétérinaires de l’Agriculture.
Les syndicats de la FSU jouent donc un peu de leur avenir dans ces élections sur des secteurs qui ne sont pas dans le noyau historique de la fédération. Et la représentativité de la FSU dans le comité technique national des DDI, présidé par le Premier ministre et seul compétent pour l’ensemble de ces services, sera un enjeu fédéral majeur de ce scrutin du 19 octobre 2010.
Le message que nous portons est qu’un vote FSU sera un vote pour des représentants qui défendront le service public et les personnels, en refusant les oppositions entre leurs services d’origine, qui chercheront à développer des dynamiques unitaires pour que les revendications des personnels soient entendues dans les CTP et CHS. Avec les personnels, la FSU et ses syndicats combattront toute régression et remise en cause du service public et des droits des personnels.