Le congrès du SNCS s’est tenu du 11 au 13 avril à Meudon. Un an après l’élection de François Hollande, il avait notamment pour objectif de faire le point sur cette première année. Il en ressort que dans la recherche,
la politique en cours devrait aggraver encore la situation.
Différence notable avec le fonctionnement national, les camarades se reconnaissant au niveau national dans U et A, l’Ecole Emancipée et certains camarades d’URIS, se regroupent au sein du SNCS dans une tendance majoritaire unique, « Ensemble », tant les analyses convergent sur le statut de la recherche.
Des éléments de bilan
du Sarkozysme
Une fois noté le contexte de la crise, « financière, économique, sociale, environnementale, et désormais aussi morale et politique », le congrès a, d’emblée, constaté que la politique actuelle d’austérité, le fait de « céder aux exigences patronales (Pacte de compétitivité) » ne peut que conduire à une impasse. En ce qui concerne l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur la « sécurisation des parcours professionnels », le congrès demandait le retrait du projet de loi dont la discussion allait venir au Sénat.
La droite avait piloté la recherche et l’enseignement supérieur (ESR) sur des objectifs à court terme pour l’assujettir au mieux aux intérêts du privé. Financement de la recherche sur projets à court terme, précarisation massive des jeunes chercheurs, transformation de l’évaluation scientifique de conseil en une évaluation technocratique de sanction pour piloter la recherche sur un nombre restreint de thématiques, mise en concurrence des individus par une « prime d’excellence scientifique » et, c’est important dans notre milieu, remplacement des instances élues par des agences et des conseils composés « d’experts » à nomination opaque, dont l’AERES.
Des aggravations en cours
Or, le gouvernement actuel reste dans la continuité de la loi LRU et du « Pacte pour la recherche ». La loi Fioraso aggrave même le système en jetant les bases d’une territorialisation de la recherche et du pilotage de l’ESR par les régions et, sur ce point, la convergence avec le SNESUP est totale. En ce qui nous concerne
spécifiquement, elle maintient de fait l’AERES, en se contentant d’en changer le nom, reconduisant une évaluation bureaucratique que toute la communauté rejette. Scandaleusement, malgré les rapports de la Cour des comptes, elle maintient l’énorme détournement de crédits publics de recherche que constitue le crédit impôt-recherche.
C’est pourquoi le congrès du SNCS a réaffirmé sa volonté de voir abrogée la loi LRU, le Pacte pour la recherche et abandonné l’actuel projet de loi. Le congrès s’est « adressé à sa fédération, la FSU, pour qu’elle mette tout son poids de première fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture pour le retrait du projet au profit d’une loi d’orientation et de programmation à la hauteur des besoins du pays ».
Le congrès a rappelé les revendications du syndicat pour reconstruire l’ESR actuellement en ruines, dont le respect des libertés de recherche et des libertés académiques, un soutien aux moyens récurrents des laboratoires à la hauteur de leurs projets scientifiques et une évaluation faite par des pairs en majorité élus. Il réclame une loi de programmation à hauteur de 1,3 milliards d’euros supplémentaires par année pendant dix ans, pour à terme rejoindre 1 % du PIB pour la recherche publique (la France « décroche » dans l’Europe), le recrutement des jeunes scientifiques au plus proche de la fin de la thèse et la résorption de tous les emplois précaires. Enfin, il demande une revalorisation conséquente des salaires et la suppression des primes individuelles dites « au mérite ».
Le congrès a appelé à l’amplification des actions d’information et de mobilisation contre le projet de loi ESR, notamment lors de sa première lecture à l’Assemblée nationale. ●
Gérard Chaouat